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docilement ces amendemens. La Chambre des Seigneurs voulut rendre au curé la présidence du conseil d’Eglise ; derechef le Landtag la lui refusa. Alors les Seigneurs cédèrent, et le 20 juin 1873, la signature de Guillaume ratifia cette tentative, que Kleist-Retzow qualifiait d’inouïe, d’organiser sans l’aveu de l’Eglise l’administration des biens d’Eglise.

Ainsi commençait de se réaliser un rêve, que les vieux-catholiques avaient longuement caressé ; et la complaisance du ministère et du Landtag leur ménageait tout de suite un autre succès. Un de leurs canonistes, à la fin de 1874, avait obtenu de Bismarck la promesse que le gouvernement prussien, suivant l’exemple du gouvernement badois, ferait bon accueil à un projet de loi établissant les droits des communautés vieilles-catholiques sur les biens ecclésiastiques. Ce projet de loi, soumis à Falk par le député Pétri, remanié par le bureaucrate Hübler, avait été, le 16 février, déposé devant le Landtag. Si la Prusse avait complètement exaucé les vœux des vieux-catholiques, elle aurait décidé que tous les deux ans le président supérieur de la province, sur la demande présentée par dix paroissiens, ferait interroger tous les autres fidèles, pour constater combien d’entre eux croyaient encore à l’infaillibilité, et pour ratifier, éventuellement, les prétentions des vieux-catholiques à la jouissance des biens d’Eglise et de l’édifice cultuel. Mais Falk avait refusé : en son for intime, il n’accordait à ces schismatiques qu’une médiocre sympathie ; et le projet sur lequel les vieux-catholiques et le ministère avaient fini par tomber d’accord stipulait simplement que les communautés vieilles-catholiques, là où elles existeraient, partageraient avec les catholiques romains l’usage de l’église et du cimetière ; que les curés déjà titulaires, qui se rattacheraient à ces communautés, garderaient leurs bénéfices ; que ces communautés auraient droit, proportionnellement au nombre de leurs membres, à la jouissance de tout ou partie des biens d’Eglise ; et qu’il appartiendrait aux présidens supérieurs des provinces, et puis, en dernier ressort, au ministre des Cultes, de qualifier de communautés et d’admettre, ainsi, aux avantages assurés par le projet de loi, les groupemens de vieux-catholiques qui feraient connaître leur existence et leurs prétentions, et qui seraient d’une « importance notable. »

Lorsque sous Frédéric-Guillaume III la volonté royale avait amalgamé dans un même creuset, sans souci de leurs