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pareille féerie dans le ciel, cela ne ressemble en rien aux aurores boréales d’un rose orangé que j’ai contemplées ailleurs. Voyez donc, c’est rouge sang ! » Et c’était vrai, le ciel était si rouge qu’on avait peine à le fixer pendant quelques minutes. Monsieur essaya de me faire comprendre comment se produisent ces météores lumineux composés d’une forte partie d’électricité et de fluide magnétique qui se trouve aux environs des pôles.


Le dernier jour de décembre, il me dit avoir mieux dormi que d’habitude. Quand il eut pris ses œufs et son thé, il me prévint qu’il avait un ami, M. Muterse, à déjeuner, et qu’il ferait sa toilette de bonne heure, pour aller prendre sa douche et être revenu avant l’arrivée de son invité. À midi et demi, on se met à table, mais Monsieur a mal à la tête et demande bientôt la permission de se retirer dans sa chambre, la conversation lui étant pénible.

Vers trois heures, mon maître se trouve mieux ; nous allons ensemble du côté de la villa Bellevue. Nous passons chez Rose, la femme qui vient en journée à la maison, puis à la villa Continentale. Nous faisons une enquête sur un sujet qui touche à notre repos, nous recherchons quelle raison éloigne ou attire les moustiques. Ainsi, à la villa Continentale, nous étions littéralement dévorés par ces cousins peu aimables, et, ici, dans ce petit chalet que nous habitons, et qui fait partie du même quartier, pas un moustique.

Pourtant, nous avons un fossé avec des cailloux dans le fond comme à la villa, nous avons même, en plus, un lavoir et une citerne non couverte dans le jardin, et jamais nous n’avons vu un de ces insectes redoutables.


1er janvier 1892. — Dès sept heures, mon maître est levé, je lui monte son eau chaude pour sa toilette, car nous devons prendre le train de neuf heures pour aller chez Madame, mère de M. de Maupassant, mais il éprouve de la difficulté pour se raser. Il me dit qu’il a un brouillard devant les yeux, et que pour le moment il ne se sent pas en état pour se rendre chez sa mère. Je lui viens en aide du mieux que je peux. Il prend deux œufs et son thé ; cela le remet, il se sent mieux. J’ouvre alors