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non du mal que lui fait son côté, mais de la secousse que cette chute (qui semble une atteinte d’insolation) peut avoir d’influence sur son cerveau, si bien équilibré tous ces temps derniers qu’il avait pu travailler avec une extrême facilité à son Angélus.

Le docteur est là, il reconnaît la luxation des côtes, ordonne d’enfermer le thorax dans une série de bandes bien maintenues. Mon maître semble tout réconforté après la visite de ce bon docteur. La nuit est cependant mauvaise ; à plusieurs reprises, il défait ses bandes, et toujours à nouveau je dois recommencer ce travail pas très facile. Enfin, à cinq heures du matin, il s’endort.

Le 23 août, une détente se produit dans l’état général de mon maître ; le docteur est venu déjeuner ce matin, il a trouvé une amélioration sensible des côtes. C’est un point dont on n’aura plus à s’occuper d’ici quelques jours, et fort heureusement, car un autre ennui a surgi.

Deux personnes ont loué les chambres attenantes aux nôtres. Elles n’y sont pas depuis trois jours, que, la nuit, elles font un tapage insupportable. Ce sont des orgies sans fin, indescriptibles. M. de Maupassant part de là pour me raconter qu’il lui est arrivé souvent de sortir la nuit au grand air pour se désinfecter des odeurs dont sont imprégnées ces chambres d’hôtel : « Ces grandes casernes où l’on dort le plus souvent séparés par une simple porte, dit-il, sont quelquefois très instructives ; et je me propose d’écrire bientôt une nouvelle in titillée : La première nuit, qui sera une sorte de mémento comique, pour les mariés de la matinée. J’ai recueilli des documens extraordinaires à l’hôtel Noailles à Marseille… »


Aujourd’hui nous avons bien travaillé ; j’ai transporté le lit de mon maître de l’autre côté de la chambre. Des couvertures, des plaids et des tentures, que la propriétaire a bien voulu nous donner, sont tendus le long de la cloison de séparation ; et, ma foi, ce capitonnage un peu épais forme un assez bon isolateur. Le même bruit continua les nuits suivantes, mais assez atténué pour permettre de se reposer.

En exécutant ce travail de nouvelle installation dans sa chambre, Monsieur me raconte comment il a découvert Mme X… :