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les Romains résumaient la vie et concentraient l’éloge de l’épouse laborieuse et diligente : domum mansit, lanam fecit. Elle aussi, l’ouvrière du XXe siècle, file la laine ou le coton, — le coton surtout, — et, grâce aux perfectionnemens du machinisme, elle en file en un jour plus que cent matrones romaines n’auraient su en filer, mais… elle ne garde plus la maison.

Si, actuellement, il ne suffit plus de retenir dans les campagnes ceux qui ne les ont pas désertées encore, s’il faut faire renaître le goût de la terre, ne trouvera-t-on pas un auxiliaire dans ces colonies de vacances qui confient leurs pupilles à des familles de cultivateurs, autant que possible toujours les mêmes ? Jusqu’à présent, il faut l’avouer, les résultats sanitaires ont été plus appréciables que les autres. Cependant, quand l’enfant étiolé de l’ouvrier des villes se trouve, pour la première fois, transporté dans la campagne, tout son être est en proie au ravissement. Un monde nouveau se révèle à lui dans la contemplation de la basse-cour, de la vacherie ; le grand air qui remplit ses pauvres petits poumons fait battre son cœur plus vite ; l’espace, la forêt, les champs en fleurs, tout l’enchante et le grise. Il lui reste de ce contact avec la nature une impression ineffaçable, parfois assez forte et assez profonde pour déterminer une vocation.

Et puisque nous parlons ici d’industries rurales, disons que ces œuvres de colonies de vacances pourraient en quelque sorte et dans certaines régions leur être assimilées, puisqu’elles apportent un appoint pécuniaire parfois assez considérable.

Dans le département du Loiret, où la seule industrie des femmes consiste à coudre sur des cartes les boulons de porcelaine fabriqués à Briare, l’Œuvre des Colonies de vacances de la Chaussée du Maine a envoyé, en 1909, le nombre respectable de 2 853 enfans, placés tous chez des cultivateurs, et de ce fait, il a été versé aux habitans du département 107 071 fr. 55 de pensions. C’est, on le voit, une source de revenu appréciable qui mérite d’être signalée.

S’inspirant des mêmes idées, l’Œuvre antituberculeuse de Dijon vient de fonder une branche analogue, la Clé des Champs, dont le dessein plus ou moins direct est de décongestionner la ville, et de faire faire à l’enfant une sorte d’apprentissage de la vie rurale, dont il pourra bénéficier plus tard. Depuis le commencement de 1910, elle a pu placer à la campagne, pour aider