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maison, petite ou grande, avec un lopin de terre devrait faire de l’élevage sur une échelle plus ou moins étendue : les canards, les poulets sont très demandés, — on n’en saurait fournir en assez grande quantité nos marchés parisiens ; — la peau des oies du Poitou, bien traitée, jouit d’une réputation mondiale, et les plumes des volailles, dont Paris est un des grands marchés, pourraient rapporter de jolis bénéfices, si les éleveurs, plus soigneux, les séchaient convenablement avant de les expédier. Faute de précautions, il arrive trop souvent qu’elles s’abîment en route et que le déchet énorme constitue une perte sérieuse. Les gens qui ne possèdent que de petites ressources pourraient remplacer la vache, la chèvre, le mouton par le lapin ordinaire ou le lapin angora dont la laine douce et soyeuse peut se transformer en vêtemens plus chauds et plus légers que la fourrure.

Tout élevage industriel suppose une mise de fonds ; mais ici l’élevage peut se faire sans capital. Le clapier peut se créer petit à petit et, dans ce cas, au point de vue de l’installation, de la nourriture, des soins à donner aux jeunes, les frais généraux sont à peu près nuls et le profit est certain puisque l’on peut tirer parti du poil, de la fourrure et de la chair. Le produit des lapins angoras élevés aux environs de Caen est évalué annuellement à 2 ou 3 000 kilos. On estime qu’un lapin adulte peut donner actuellement de 280 à 360 grammes de poils : les adultes sont « plumés » ou, pour parler plus exactement, épilés tous les trois mois. Pendant les premières semaines qui suivent leur naissance, les jeunes angoras ne demandent pas plus de soins que les autres lapins ; mais, dès l’âge d’un mois, il faut commencer leur toilette. Le poil d’angora filé soit à la mécanique, soit à la main, sert à confectionner des gants, plastrons, ceintures, caleçons, etc., très estimés des personnes frileuses et rhumatisantes. Les angoras noirs sont plus recherchés que les blancs.

A côté des lapins angoras, dont la soie se vend, suivant le cours, de 30 à 35 francs le kilo, nous connaissons, en France, deux autres variétés de lapins : le lapin argenté que l’on élève en grande quantité dans la Champagne, aux environs de Troyes, fournit une chair très succulente et une fourrure très estimée des pelletiers ; il est facile à élever, ne craignant pas le froid. Enfin, le lapin normand, le plus rustique de tous et d’une