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nouveau, il lui a fallu créer une société nouvelle, car l’ancienne société avait disparu au cours de la Révolution. A cet effet, le gouvernement, d’abord seul, ensuite avec le concours des Chambres, accomplit une œuvre législative considérable ; cette œuvre est fondée, au moins dans une certaine mesure, sur le droit coutumier, dont la codification avait commencé sous l’ancien régime, mais elle s’est surtout inspirée du droit occidental. Les premiers codes se rapprochaient beaucoup de nos codes ; les codes actuels sont imités ou même en partie traduits des codes allemands ; ce sont le Code civil de 1898 ; le Code de procédure civile de 1890, révisé en 1898 ; le Code de commerce de 1899 ; le Code de procédure criminelle de 1890 ; le Code pénal de 1907. Les Codes sont complétés par la Constitution et par un grand nombre de lois d’ordre général (sur la nationalité, sur les ; faillites, sur la marine marchande, sur les gildes et syndicats, etc.).

Voici comment sont constituées dans leurs grandes lignes la société et la famille actuelles.

Le premier effet de la Révolution japonaise, comme ce fut d’ailleurs celui de toutes les révolutions, avait été de supprimer les anciennes divisions sociales ; on fit même rentrer les hors-caste au nombre des citoyens, mais on dut bientôt reconnaître que, dans un pays où, pendant des siècles, la société avait été si fortement hiérarchisée, il était impossible de supprimer brusquement toute hiérarchie sociale. Aussi la loi moderne a-t-elle reconnu trois classes : la noblesse, l’ancienne caste militaire, te peuple. Mais ce sont maintenant des classes, ce ne sont plus comme autrefois des castes ; le mariage est permis entre personnes de classes différentes ; à quelque classe qu’il appartienne, un citoyen peut embrasser toutes les carrières, exercer toutes les professions et n’est forcé d’en exercer aucune. De fait, les anciens samuraïs, dont le nombre dépasse aujourd’hui deux millions, n’ont conservé qu’un privilège, dont beaucoup d’ailleurs ne se prévalent plus, celui de figurer dans les recensement sur un registre spécial. Les nobles, qui sont près de quatre mille, ont droit à quelques honneurs ; leurs représentans forment la moitié de la Chambre des pairs.

Nobles, anciens samuraïs et gens du peuple sont égaux devant la loi. Le nouveau régime a modifié les rapports des particuliers avec l’Etat. Patriarcal autrefois, l’État l’est resté dans une grande mesure, comme en témoignent le rescrit sur