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défense nationale, où, sous sa présidence, siègent les principaux chefs des armées de terre et de mer. L’armée de terre comprend trois organes indépendans sous des chefs égaux : le ministère de la Guerre, l’Etat-major, la Direction de l’instruction militaire ; la marine en comprend deux : le ministère de la Marine et l’Etat-major ; de plus, les commandans des escadres, les préfets maritimes, les commandans des points d’appui ne relèvent que de l’empereur ; il nomme directement les maréchaux et les généraux du plus haut grade ; les nominations des officiers de moindre grade lui sont soumises.

Le second caractère de l’armée est l’aristocratie. Excepté pour fait de guerre, un sous-officier ne devient jamais officier. L’officier s’engage par serment pour la vie ; il ne peut donner sa démission. La plupart des officiers de l’armée de terre commencent leurs études dans des prytanées de province, ils la complètent au prytanée central de Tokio, d’où ils passent à l’Ecole militaire après avoir fait six mois de stage dans un régiment ; on admet aussi à cette école les candidats non élevés dans les prytanées qui ont subi un examen et fait un stage d’un an dans un régiment. L’éducation donnée pendant dix-huit mois à l’Ecole militaire se complète par la suite dans des écoles spéciales, pour les meilleurs officiers à l’Ecole d’Etat-major. L’officier qui, au sortir de l’Ecole militaire, a fait un nouveau stage d’au moins six mois, mais cette fois comme aspirant officier, ne peut être nommé dans un régiment s’il n’y est admis par les officiers de ce régiment, qui votent par bulletins portant oui ou non ; il servira dans le même régiment jusqu’à sa nomination comme officier supérieur. Les officiers de marine entrent à seize ans dans l’une des deux grandes écoles des cadets et des mécaniciens ; l’enseignement se complète dans les Ecoles spéciales et à l’École d’Etat-major. Les grades (les mêmes pour les deux armées de terre et de mer) sont : sous-lieutenant, lieutenant, capitaine, major, lieutenant-colonel, colonel, major-général, lieutenant-général, général, maréchal ; on a donc divisé les officiers généraux en quatre grades pour établir entre eux une rigoureuse hiérarchie, donner aux chefs de l’armée une situation indépendante des volontés des ministres, fortifier ainsi le caractère aristocratique de l’armée.

Enfin l’armée est nationale. Autant que pour défendre le pays, on l’a créée pour fondre les anciens dans et les anciennes