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Il ne suffisait pas de l’établir l’ordre dans le pays par l’établissement d’un gouvernement central, d’une organisation administrative et judiciaire, il fallait donner au nouveau régime le moyen de vivre en lui créant des finances. Sous ce rapport, tout était à faire. Sans doute l’ancien régime n’avait pas subsisté sans une organisation financière, le shogunat avait déterminé les pouvoirs et les obligations de tous les fonctionnaires en cette matière, fondé une Cour des comptes, constitué un bon système d’impôts, mais il n’avait pas su donner à ses institutions une forme définitive ; on n’a retrouvé de budget que pour quelques années du XVIIIe siècle ; au début du XIXe, la confusion était devenue extrême : de 1850 à 1868 aucun impôt ne rentrait plus ; depuis cent cinquante ans la principale ressource du Trésor consistait à émettre de la monnaie dont la valeur légale était supérieure à la valeur réelle. Pire était la situation des principautés, qui ne subsistaient qu’en émettant des billets à cours forcé.

Nous ne pouvons donner ici l’histoire de la création des finances impériales, montrer combien d’expériences heureuses et malheureuses les réformateurs ont dû faire, d’abord pour sortir des premières difficultés, ensuite pour se créer un régime financier digne d’un grand pays.

Voici les grandes lignes du régime actuel. Le ministère des Finances a sensiblement l’organisation des ministères européens. Les impôts sont perçus en partie par les préfectures et en partie par un service spécial. Les comptes définitifs sont homologués par la Cour des comptes. L’unité monétaire est le yen (2 fr. 58), qui fut d’abord un étalon d’argent et qui depuis 1897, est un étalon d’or. Il existe une banque d’émission, la Banque du Japon, dont l’organisation rappelle celle de la Banque de Belgique ; d’autres banques dépendent plus ou moins étroitement du gouvernement : la banque de Yokohama, qui règle le commerce extérieur ; le Crédit foncier, dont dépendent des banques hypothécaires dans toutes les préfectures ; le Crédit industriel ; la banque du Hokkaido ; la banque de Formose, qui a le droit d’émettre des billets pour le territoire de Formose.

Dès le début, le gouvernement impérial établit les grands principes de l’impôt moderne : égalité de tous devant l’impôt, fixité de l’impôt, établissement de l’impôt sur une base certaine, obligation de payer l’impôt en argent. Puis en pleine