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comment il l’entendait. Il faudrait donc que la transaction comprît au moins certaines mesures concernant le Home Rule, non point le Home Rule intégral, tel que le réclamait Parnell, mais un Home Rule partiel. Cela ne semble pas impossible et depuis quelque temps l’idée d’un compromis sur ce point est, si l’on peut ainsi parler, dans l’air. Il y a deux mois à peine, dans ces lettres au Times que j’ai signalées au début de cet article, Pacificus, prévoyant l’échec de la conférence des Huit, esquissait le projet d’une nouvelle conférence à laquelle serait soumis un programme plus large. Ce programme comprenait la création, non pas seulement en Irlande, mais en Écosse et dans le pays de Galles, d’un parlement local auquel seraient dévolues les lois présentant un caractère d’intérêt purement irlandais, écossais et gallois qui encombrent et retardent à l’heure actuelle l’ordre du jour de la Chambre des Communes. L’unité de législation serait maintenue pour les questions d’intérêt général par un parlement impérial où les députés irlandais continueraient de siéger, mais en nombre moindre qu’aujourd’hui. Ils sont 103, et ce chiffre, qui a été fixé par l’acte d’Union alors que l’Irlande comptait une population de plus de 7 millions d’habitans, n’est plus en rapport avec sa population d’aujourd’hui, qui a diminué de près de moitié. L’Irlande jouit donc, par rapport au reste du Royaume-Uni, d’un privilège d’over-representation, et il est certain que nombre d’Unionistes commencent à se demander s’il ne serait pas de leur intérêt de consentir à un Home Rule restreint, dont la conséquence serait de réduire le nombre des députés irlandais et de les débarrasser, en partie du moins, d’adversaires irréductibles. Il est assez remarquable que si, au cours de la période électorale, les orateurs unionistes se sont élevés avec force contre la dictature irlandaise, ils ont évité de s’engager à fond contre le Home Rule et n’ont point prononcé de paroles irréparables.

Deux considérations d’ordre très différent pourraient bien contribuer à faire pencher la balance en faveur d’une transaction : l’une est la perspective de la Conférence Impériale, l’autre celle du couronnement prochain.

Au mois de mai doit se réunir à Londres une conférence, à laquelle sont invités à prendre part les représentans de toutes les colonies anglaises. Unionistes et Libéraux sentent également la nécessité de resserrer le lien, un peu frêle parce qu’il est