novembre, par l’apparition dans tous les journaux d’une brève note officielle émanant des bureaux de Downing street et annonçant que la Conférence s’était dissoute, ses membres n’ayant pu arriver à un accord.
Qu’était-il advenu ? Pourquoi la Conférence avait-elle échoué ? On ne le sait pas et on ne le saura jamais exactement, les membres de la Conférence s’étant engagés sur l’honneur à ne pas raconter ce qui s’était passé dans leurs vingt et une réunions et ayant tenu parole. Il a fini cependant par transpirer que l’accord s’était bien fait sur un point important : le principe d’une commission mixte composée de membres des deux Chambres à laquelle seraient soumis les conflits survenus entre les Lords et les Communes, mais que le désaccord s’était produit sur la composition de cette commission et sur la proportion dans laquelle les deux Chambres et surtout les deux partis y seraient représentés. Sur ce point difficile des concessions devaient être évidemment consenties des deux parts. On assure que M. Asquith d’un côté, M. Balfour de l’autre, qui au fond auraient été d’accord, ont reculé devant ces concessions, craignant d’être désavoués par leurs partisans, et ceci tendrait à prouver qu’un certain défaut d’autorité et de décision chez les chefs de parti est, en Europe, un mal endémique. Quoi qu’il en soit, l’échec de la Conférence causa en Angleterre une déception universelle. L’opinion publique voyait avec déplaisir la perspective d’une fin d’année troublée et d’une bataille violente engagée à la veille de ces fêtes de Noël où les Anglais aiment à se recueillir en famille, à orner leurs portes de rameaux de gui sous lesquels jeunes gens et jeunes filles s’embrassent quand ils se rencontrent, et à manger en famille le dindon classique dont on fait à cette époque de l’année une si grande consommation qu’il est nécessaire d’en importer. L’Angleterre souhaitait la paix, c’était la guerre que les chefs de parti lui offraient comme étrennes. Le Merry Christmas allait singulièrement en souffrir.
Le lendemain même du jour où l’échec de la Conférence était annoncé, M. Asquith n’en partait pas moins pour Sandringham où était alors le Roi et le ton des rares journaux de son parti qui paraissent à Londres, car, chose assez remarquable, la grande et puissante presse de la capitale est presque tout entière unioniste, ne laissait aucun doute sur ses intentions. Il se proposait de demander au Roi la dissolution de la Chambre des