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contre ceux qui, par leur initiative individuelle, prétendraient résoudre une question exclusivement réservée à l’initiative du gouvernement. Le Roi établit officiellement, dans une entrevue avec le ministre, de France et son ministre des Affaires étrangères, que, dans les circonstances présentes, le gouvernement italien renonçait à demander à la France autre chose que le retour pur et simple à la Convention du 15 septembre, et que des lettres seraient échangées constatant les engagemens réciproques. Le retrait de nos troupes fut annoncé à la cour de Rome.

La négociation personnelle de Victor-Emmanuel n’obtint pas un résultat aussi favorable. A Vienne, où il était arrivé le 24 juillet, Vimercati débattit, au nom du Roi, avec Vitzthum et Beust, le traité à deux. Au premier pas surgit encore cette question de Rome avec laquelle Gramont croyait en avoir fini ; la suggestion de Beust de livrer Rome aux Italiens après notre départ ne reparaît plus ; l’exigence soulevée par Victor-Emmanuel est plus modeste. Le Roi exposa à Malaret les difficultés sérieuses qu’il trouverait non seulement avec ce ministère, mais avec tout autre, s’il ne pouvait pas obtenir de nous quelque chose de plus que le retour à la Convention de septembre. « Mais, lui dit alors Malaret, Votre Majesté pense-t-elle que l’alliance pourrait être sérieusement compromise dans le cas où l’Empereur se refuserait éprendre aucun engagement nouveau dans l’affaire de Rome ? » Le Roi répondit qu’il espérait bien que non et « qu’il voulait aller jusqu’au bout. » Cependant, si son ministère tout entier l’abandonnait sur cette question, la chose serait grave et il se trouverait dans une situation très difficile. (25 juillet.) Il dépendait de l’Empereur, disait-il, d’assurer le succès du traité et de le débarrasser de ses difficultés intérieures : « Si l’Empereur a assez de confiance en moi pour me faire donner verbalement par vous l’assurance qu’en présence de cette éventualité, Rome menacée par des bandes révolutionnaires ou autres, il ne trouvera pas mauvais que nos troupes fassent dans l’État romain ce qu’y ont fait les siennes, c’est-à-dire veillent à la sécurité du territoire en occupant quelques points stratégiques, cette assurance me suffira et tout deviendra facile. » (28 juillet.)

Türr, qui, sur la suggestion de Napoléon III, était accouru à Florence, et Vimercati assaillirent l’Empereur de leurs instances les plus pressantes pour qu’il accueillît la proposition de