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revanche dans la bourgade posnanienne de Xions ; il influa sur la famille qui possédait dans cette commune le droit de patronat ; cette famille sut trouver un prêtre qui accepterait les fonctions de prévôt sans en être investi par l’archevêque ; et l’on apprit un jour qu’en vertu du droit de patronat et de l’assentiment du commissaire d’État, le prêtre Kubeczac était prévôt de Xions. La grande excommunication, prononcée du haut de la chaire par le doyen de la ville voisine, frappa tout de suite Kubeczac ; et dans son presbytère où la loi l’avait introduit, où la force le maintenait, il fut un curé sans troupeau. La résistance passive des populations annulait ainsi les rares succès que recueillait la nouvelle loi sur les évêchés vacans.

De passive, la résistance des prêtres et du peuple devenait active, en face de l’autre loi qui permettait d’enlever aux prêtres leur résidence ou leur patrie. Quelques semaines suffirent pour que, dans tout le diocèse de Trêves, la police fût sur pied. Avant ou après l’évêque Eberhard, une cinquantaine de prêtres avaient pris le chemin des prisons de Trêves, de Sarrebrück ou de Coblentz, pour quelques semaines ou quelques mois ; et la plupart, lorsqu’ils en sortaient, recevaient défense de résider, à l’avenir, dans le district ou dans la province où ils avaient exercé leur sacerdoce délictueux. Un certain nombre d’entre eux tinrent le 20 octobre, à Trêves, une mystérieuse réunion, ils y décidèrent d’enfreindre coûte que coûte les interdictions de séjour qui pesaient sur eux, de retourner à leurs postes, d’y braver la prison, et de récidiver encore, lorsque de nouveau la prison les rendrait à la liberté. Ainsi fit, dès le jour de la Toussaint, dans l’église Saint-Laurent de Trêves, le vicaire Schneiders. Il n’avait le droit désormais ni d’exercer le culte, ni de vivre à Trêves, et devant Dieu, en habit de chœur, il reprenait ce droit. On était à la communion de la messe, quand une troupe de policiers et de gendarmes envahirent l’église, montant droit vers l’autel. L’assistance se leva, faisant barricade entre eux et Dieu ; ils dégainèrent ; la barricade, et la messe qui froidement continuait, intimidait leurs armes blanches. Lorsque Schneiders, après l’Ite missa est, se retourna pour bénir, ils se lassèrent, et donnant l’assaut, renversèrent le banc de communion. Schneiders, sur les marches mêmes de l’autel, fut dépouillé de ses vêtemens de prêtre, et puis emmené à la gare, à destination de la prison. Tel était le genre de victoire auquel