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les clauses qui devaient être littéralement reproduites, mais d’une manière authentique, dans le contrat. Venait ensuite la demande qui était faite souvent par un parent ou un ami qualifié du futur. À Strasbourg, cette démarche était confiée à deux personnes de distinction qui, à cette occasion, recevaient du futur un cadeau. C’est alors que celui-ci offrait à la future un diamant et soulignait par un baiser avoué des parens la signification de ce prélude des fiançailles. Dans certains diocèses, les fiançailles avaient lieu avant la publication des bans, dans d’autres elles avaient lieu après, dans d’autres enfin elles n’avaient pas lieu du tout. Si elles pouvaient prendre place après les publications, c’est qu’elles avaient beaucoup perdu de leur importance. Le temps n’était plus où elles inauguraient une sorte de noviciat destiné à permettre aux futurs de bien se connaître et à donner à leur union plus de chances de stabilité et de bonheur. L’intimité qu’elles permettaient avait ses risques en même temps que ses avantages, et les abus auxquels elle donnait lieu avaient amené l’Église, non à les voir avec défaveur, — elle les prescrivait, au contraire, dans certains diocèses, — mais à abréger le délai qui les séparait de la cérémonie nuptiale, à ne pas les prolonger au-delà de trois mois ou d’un an. À côté des fiançailles qui n’étaient que les promesses solennelles reçues par l’Eglise d’une union prochaine, il y avait celles dont nous avons déjà parlé, par lesquelles les parens liaient leurs enfans dès l’âge de sept ans et dont la durée, si elles ne se rompaient pas avant l’âge nubile, pouvait être assez prolongée. Les autres ne précédaient le plus souvent le mariage que de quelques jours. Le fiancé offrait à la fiancée une seconde bague de diamant ou un anneau et la moitié d’un autre dont il gardait la seconde moitié, ou une bourse contenant une somme variable, souvent de cinquante écus, destinée à satisfaire les premières fantaisies de l’épouse de demain. À Foix, les fiancés, se considérant comme mariés par paroles de présent, n’attendaient pas, pour se traiter comme tels, la messe nuptiale et n’y assistaient qu’après, quand ils y assistaient. Les fiançailles se faisaient à l’église ou dans la famille et, ici et là, avec solennité. C’était pour les fidèles un devoir de recourir au ministère du prêtre, mais ils ne le remplissaient pas toujours. Acte était dressé des fiançailles, surtout à partir de l’ordonnance du 26 novembre 1639 qui, contrairement à la jurisprudence, en exigea