Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/957

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour qu’un plus grand nombre de sièges restent sans attribution. Que fera-t-on de ces sièges qui n’auront été obtenus par personne ? Là gît l’ingéniosité du système de M. le président du Conseillées sièges en déshérence seront attribués à la liste qui aura réuni le plus de voix. C’est bien là une prime, puisque, en sus de sa part légitime, on donne encore quelque chose à la liste qui a gagné la course. Est-ce juste ? Non certainement. Est-ce politique ? Pas davantage, et nous avons dit en partie pourquoi. Mais il y en a d’autres motifs. On a beaucoup répété que, dans le système de la représentation proportionnelle, il serait difficile de faire comprendre aux électeurs que, la concurrence étant entre des listes et non pas entre des personnes, un candidat figurant sur une liste à laquelle on aura attribué le contingent qui lui est dû, se verra préférer un autre candidat figurant sur une autre liste, bien que le second ait eu moins de voix que le premier. Cela choque en effet d’abord ; les électeurs en seront surpris et auront de la peine à l’admettre la première fois qu’ils en feront l’épreuve ; c’est seulement à la longue qu’ils s’y habitueront ; mais s’il y a là une difficulté, raison de plus pour ne pas la compliquer par une autre et pour ne pas demander un nouvel effort à l’intelligence de l’électeur. Nous ne nous chargeons pas de lui faire entendre pourquoi on donnerait à la liste la plus favorisée plus que son dû ; cette manière de voler au secours de la victoire a, elle aussi, quelque chose de choquant. Mais, demandera-t-on, n’y aura-t-il pas aussi des sièges en déshérence dans le système de la Commission ? Il y en aura sans doute, mais moins, puisque le quotient à atteindre sera moins élevé, et la Commission propose de les attribuer aux différentes listes dans des conditions plus proportionnelles et dès lors plus équitables. Nous reviendrons sur tous ces points quand la discussion s’ouvrira. Nous y reviendrons s’il y a lieu de le faire : il faut espérer que, d’ici là, s’ils ne sont pas intransigeans l’un et l’autre, le gouvernement et la Commission trouveront une solution transactionnelle. Toutefois, nous n’accuserons pas la Commission d’intransigeance, si elle se contente de rester fidèle au principe de la proportionnalité.

D’autres questions sont posées, d’autres discussions se préparent, et là encore, malheureusement, d’autres dangers apparaissent déjà. On se rappelle que la Déclaration ministérielle a annoncé le dépôt de projets de loi destinés à prévenir le retour d’une grève des chemins de fer. Les jours se sont écoulés et les projets de loi ne sont pas encore venus, sans doute parce qu’on a trouvé à les mettre sur