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qui se rapportent à la civilisation domestique, l’histoire de la cuisine, qui a suivi les évolutions du goût, est une des plus curieuses. M. le vicomte Georges d’Avenel a montré naguère ici même quelle place l’alimentation a tenue au moyen âge et au XVIIe siècle, et comment elle est liée aux questions économiques et sociales. L’ouvrage de M. Armand Lebault a pour objet l’étude des mœurs gastronomiques des peuples depuis les origines de l’humanité jusqu’à nos jours. Une abondante illustration, choisie dans le domaine purement artistique ou archéologique, forme le meilleur commentaire de ce curieux ouvrage rempli de faits et d’anecdotes piquantes. On peut ajouter qu’il ne manque pas d’actualité au moment où l’on parle d’élever une statue à l’auteur de la Physiologie du goût, représentatif du Français qui savait manger et bien manger, tranquillement et sans être mené au rythme des tziganes, à Brillat-Savarin, auquel ne manquera jamais la reconnaissance des générations, puisqu’elle est ici celle de l’estomac.

Ceux qui veulent se mettre au courant des progrès accomplis dans le domaine de la science et qui se succèdent avec une telle rapidité que, d’une année à l’autre, on a peine à les suivre dans les recueils spéciaux, comme la Science au XXe siècle[1], voudront lire la Route de l’air[2]de M. Alphonse Berget, sorte d’introduction à l’étude de l’aéronautique, où se trouvent clairement et méthodiquement résumés, sur une question qui passionne le monde entier, les principes de la navigation aérienne sous ses deux formes les plus récentes : le dirigeable et l’aéroplane, l’aérostation par ballons libres étant en quelque sorte entrée dans l’histoire du passé. Tout en restant élémentaire, l’étude de M. Berget est complète : elle suffit à donner une idée exacte de l’état actuel de la locomotion aérienne et permettra aux jeunes gens d’apprécier toutes les tentatives nouvelles à mesure qu’elles se produiront dans cette science et cet art si français de l’aéronautique. Montgolfier n’en fut-il pas le créateur ? — la tentative du savant moine portugais Bartholomeu de Gusmao, le « Voador, » qui réussit un premier vol, le 8 août 1709, devant le roi Jean V de Portugal et toute la Cour assemblée, n’ayant pas eu de suite, — et l’aviation ne fut-elle pas pratiquée à l’intervalle de plus d’un siècle, par deux Français encore : Blanchard, Blériot, les premiers qui passèrent au-dessus du bras de mer entre l’Angleterre et le continent. Blanchard, le « Don Quichotte de la Manche, » avec un ballon

  1. Ch. Delagrave.
  2. Hachette.