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d’Ablancourt, neveux des Racine. Ces d’Ablancourt ont dû connaître les secrets de Racine…

— Quelle preuve ? Aucune ; mais ils ont dû les connaître.

— Ils ont dû être détenteurs de papiers secrets de Racine, qui existent encore et que M. Mesnard croyait qui concernaient le jansénisme, mais que M. Masson-Forestier sait qui n’ont aucun rapport avec le jansénisme.

— Quelle preuve ?

— « Preuve morale, c’est tout, » dit M. Masson-Forestier.

— Bien.

— Du reste, tes descendans actuels de Racine savent que « tout autour de Louis Racine, » il y a deux cents ans, « on désapprouvait son parti pris de ne pas dire la vérité, et ils l’ont attesté » à M. Masson-Forestier.

Donc Diderot a dû savoir, par ces neveux de Racine sachant du mal de lui et détenteurs de papiers qu’on ne connaît pas, mais qui l’incriminent, que Racine était un bandit.

Voilà la critique historique de M. Masson-Forestier. Voilà de quoi il étaie et soutient sa thèse. Sur de tels témoignages et une démonstration si rigoureuse, il n’est qui ose mettre la thèse en léger doute.

Comment M. Masson-Forestier prouve-t-il encore sa thèse ? Par la graphologie. On a des lettres de Racine. Sur l’une d’elles, adressée à sa sœur, Mme de Sternburg, graphologue renommée, a trouvé ceci : « esprit fin, observateur, précis, pas de vague à l’âme, irritable, malin, satirique, aspirant à jouer librement des coudes… peu sentimental…, dogmatique, voire pédant… sensuel, mais délicat, pudibond, secret… chez lui vous ne trouverez pas le cœur, vous ne trouveriez que l’intellectualisme. » N. B. « On m’a indiqué qu’il y aurait deux races en lui. En ce cas, son esprit est latin, si latin qu’il ne pourra jamais être goûté des races du Nord ; mais son tempérament peut être germain. »

Sur quoi, je remarque que la très distinguée graphologue a été un peu trop avertie et préparée (« on m’a indiqué que… ») et d’autre part que le portrait qu’elle a tracé nous donne un homme intelligent, sec, égoïste et voluptueux, mais non point du tout le tigre royal, et le fauve cruel et féroce où se plaît d’ordinaire M. Masson-Forestier. Voilà un texte d’abord un peu préparé, ensuite très fortement sollicité.

Pour moi, dans l’écriture de Racine je lis : merveilleuse