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LES
« SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES »
DE
M. J.-H. FABRE

Le nom de M. J.-H. Fabre, l’entomologiste de Sérignan auquel l’Académie française vient d’accorder une de ses plus flatteuses récompenses, est désormais bien connu en France, mais l’homme et l’œuvre le sont moins. L’étude des Souvenirs entomologiques les révèle l’un et l’autre.

Faisons d’abord connaître l’homme. Dans quelques chapitres de son grand ouvrage, M. Fabre nous raconte les étapes principales de sa laborieuse existence.

Dès son enfance, alors que, petit paysan en sabots d’une pauvre ferme du Rouergue, il conduisait à la mare voisine le troupeau de la famille, sa conscience de naturaliste s’éveille ; en même temps que sa conscience de lui-même pourrait-on dire. Dès ce moment aussi, l’incomparable observateur, comme l’a qualifié Darwin, apparaît. Désormais sa passion pour l’insecte ne fléchira plus ; c’est elle qui le soutiendra et qui donnera de la sérénité à sa vie.

Le premier livre d’entomologie qu’il achète lui coûte à peu près un mois de sa maigre solde d’universitaire. Sorti de l’École normale primaire d’Avignon, il apprend seul les mathématiques et les sciences physiques. Pressé par le besoin, contre lequel il se débat sans cesse, au moment où des recherches de chimie organique lui permettent d’entrevoir la liberté que donne