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dans le texte d’un même auteur, on peut isoler deux catégories opposées de renseignemens, qui semblent prouver : la première, une conservation remarquable, et, la seconde, une abolition presque complète de l’attention, de la mémoire, de l’affectivité et de la volonté du Roi. En présence de telles variations, je ne crois pas qu’il convienne de suivre l’exemple d’A. Brachet, qui se refuse à tenir compte des témoignages favorables à la persistance de l’activité psychique du Roi et admet la faillite continue de la raison du malade dans l’intervalle des accès.

Au contraire, cette extrême diversité des symptômes, devant l’unanimité des témoignages, doit être admise, et peut d’ailleurs s’expliquer facilement. Il est hors de doute que, dans l’intervalle des crises, le Roi ne se montre plus tel qu’il était avant l’éclosion du premier accès : il reste un malade psychique. L’équilibre mental est instable : à certains momens, la raison du Roi subit des défaillances, des éclipses. Mais ces troubles psychiques sont dus à des désordres fonctionnels, variables et passagers, de nature inhibitoire, et non pas à une diminution permanente et définitive de l’activité mentale. Ainsi se résout, ou du moins peut se résoudre, l’apparente contradiction des documens historiques.


VIII. — DIAGNOSTIC DE LA MALADIE. CONCLUSION

Après avoir étudié en détail l’observation du malade, après avoir discuté l’existence et la signification clinique des principaux symptômes, il importe de reconstituer, avec l’ensemble de ces données, le diagnostic de la maladie du Roi.

La notion étiologique d’une lourde hérédité morbide est tout d’abord évidente : il existe, notamment dans la lignée maternelle, de nombreux antécédens psychopathiques de nature surtout dépressive.

Dans sa jeunesse, le Roi, de constitution physique robuste, mais d’intelligence probablement médiocre, débauché, prodigue, et toujours en proie à une agitation stérile, se présente avant tout comme un déséquilibré du caractère et de la conduite.

Sur ce terrain constitutionnellement taré survient, à l’âge de vingt-quatre ans, une affection fébrile (probablement une fièvre typhoïde), qui s’accompagne de troubles psychiques et convulsifs, si l’on s’en réfère au sens ordinaire de l’expression : « chaut mal, »