L’Angleterre tout entière, sans acception de partis, a éprouvé une grande déception lorsqu’elle a appris, à la veille de la rentrée des Chambres, que la Conférence des Huit avait échoué. Elle avait espéré le contraire et les déclarations du gouvernement avaient encouragé cette espérance. Le fait même que la conférence poursuivait activement ses travaux, — elle a tenu jusqu’à vingt et une séances, — semblait de bon augure : cette activité, cette assiduité ne pouvaient s’expliquer que par la probabilité du succès, c’est-à-dire d’une entente entre les huit représentans les plus distingués et les plus qualifiés des deux partis. Les moins optimistes se bornaient à croire qu’on aboutirait à un arrangement provisoire, grâce auquel on atteindrait sans encombre les fêtes du couronnement, et les choses ont tourné de telle manière que les fêtes même de la Noël se trouvent compromises par l’obligation qui s’impose de procéder sans délai à des élections nouvelles.
Les événemens de ces derniers mois sont présens à toutes les mémoires. A la mort d’Edouard VII, la crise constitutionnelle était dans toute son acuité. Avec le Roi disparaissait une grande force, un élément d’autorité du plus grand prix ; on éprouva partout le besoin de s’arrêter, de respirer, de se ressaisir, en un mot, d’ajourner la solution des problèmes ardus qu’on ne savait d’ailleurs comment résoudre. À ces motifs de renvoi s’ajoutait encore un sentiment de respectueuse sympathie à l’égard du nouveau souverain auquel on désirait, de part et d’autre, épargner des débuts trop pénibles. La Commission des Huit semblait être le moyen pratique d’atteindre le but désiré. Le parlement entra en vacances ; après le tumulte de la bataille, un grand silence s’étendit sur le pays ; les travaux de la Commission ne le troublaient nullement, car personne n’en connaissait le mystère :