Près de vingt ans se sont écoulés depuis la mort de Basile Alecsandri, et la Roumanie, dont il a été le poète peut-être le plus illustre, et certainement le plus populaire, le regrette aujourd’hui encore d’autant plus sincèrement que nul de ceux qui sont venus après lui n’a réussi à éclipser sa gloire. La renommée d’Alecsandri avait dépassé, de son vivant même, les bornes de sa patrie. Connu et apprécié en Allemagne par les remarquables traductions que Carmen Sylva a faites de quelques-uns de ses plus beaux poèmes ; en Angleterre où, dès 1856, l’honorable Henry Stanley (depuis lord Stanley d’Alderley) avait publié, dans une édition de luxe devenue fort rare et fort recherchée des amateurs, une Anthologie des poètes roumains, Alecsandri a eu surtout des amis et des admirateurs en France, où il avait été élevé, où il avait passé une partie de sa vie, rempli, à diverses reprises, des missions politiques importantes, et où, au moment de sa mort, il représentait encore, en qualité de ministre plénipotentiaire, le roi Charles Ier et son gouvernement.
Il nous a paru d’autant plus intéressant de faire revivre, dans ces pages, cette belle figure de poète et de diplomate que retracer, même brièvement, la vie d’Alecsandri et essayer de montrer quels ont été les traits essentiels et les qualités