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s’effectuait, en général, à raison de 4 à 600 syndicats nouveaux par année. En 1895 et 1890, il y eut une période, sinon d’arrêt, du moins de ralentissement sensible, surtout pour les syndicats d’ouvriers. Puis la multiplication reprit d’une façon accentuée, à partir surtout de l’an 1900, et le nombre des syndicats s’accrut alors, en général, en raison de 600 à 800 et même de 1 100 à 1 200 par an.

D’après le dernier recueil officiel que nous ayons sous les yeux[1], le nombre des syndicats de toute nature au 1er janvier 1908 était de 14 082, dont 3 965 syndicats de patrons, 5 524 syndicats d’ouvriers, 170 syndicats mixtes et 4 423 syndicats agricoles.

Le nombre des syndiqués, depuis surtout le commencement du XXe siècle, ne s’est pas moins accru que celui des syndicats. Il atteint, au 1er janvier 1908, d’après le document officiel, 2 094 417 membres, dont 771 452 pour les syndicats agricoles, 331 475 pour les syndicats de patrons, 957 102 pour les syndicats ouvriers et 34 388 pour les syndicats mixtes, la seule catégorie de syndicats dont le nombre d’affiliés ne se soit pas accru depuis 1899, alors que celui des membres, tant des syndicats de patrons que des syndicats ouvriers, faisait plus que doubler.

Les Unions de syndicats, lesquelles sont autorisées par l’article 5 de la loi de 1884, se sont également, dans la même période, multipliées : on en compte 388 en 1908, dont 122 Unions de syndicats de patrons, 186 de syndicats d’ouvriers, 12 de syndicats mixtes et 68 de syndicats agricoles. Les quatre cinquièmes des syndiqués, soit patrons soit ouvriers, sont membres d’Unions de syndicats, à savoir 301 477 patrons et 764 508 ouvriers.

Cet effectif de membres est-il bien réel ? Tous ces syndiqués inscrits remplissent-ils les obligations syndicales, notamment en ce qui concerne le paiement des cotisations ? Sont-ils tous bien en règle avec le trésor de ces groupemens ? Les moyens d’information manquent à ce sujet. Toujours est-il que, d’après les registres officiels, il y avait plus de 957 000 ouvriers syndiqués en 1908, dont plus de 764 000 faisant partie d’Unions de syndicats. Quelle proportion représentent, ces chiffres de syndiqués par rapport à l’ensemble de la population ouvrière ? On

  1. Annuaire des Syndicats professionnels, 16e année, 1908-1909, p. XXXI à XXXIII.