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Armée active (officiers et troupes), 391 241 hommes. Réserve, 61 382 hommes. Jeunes soldats de la seconde portion du contingent, 112 125 hommes ; 75 000 jeunes soldats de la classe de 1869 ; Garde mobile, officiers et soldats compris, 467 694 hommes réduits par les non-valeurs de toutes espèces et par les exonérations à 417 000. Le total maximum de nos forces était donc de 1 032 442 hommes. Mais ce chiffre énorme n’était pas celui des hommes immédiatement disponibles pour une entrée en campagne. Il n’y avait pas à tenir compte des gardes mobiles destinés à la défense des forteresses, ni des 75 000 jeunes conscrits non instruits. On descendait ainsi au chiffre de 564 748 hommes. Sur ces 564 748, 138 475 n’étaient pas disponibles par différentes raisons ; on n’en pouvait employer utilement que 426 273. C’était le chiffre promis par le maréchal Niel au pays, à la Chambre, aux Commissions du budget, à l’Empereur ; c’était le chiffre donné par le général Lebrun à l’archiduc Albert dans sa mission à Vienne, comme point de départ de toutes les combinaisons.

Ces forces devaient être mobilisées et prêtes à entrer en action dans le délai de seize et dix-huit jours. Le passage du pied de paix au pied de guerre avait été simplifié autant que le comportait une organisation qui n’était pas régionale, comme l’Empereur l’eût voulue et n’avait pu l’obtenir. L’administration de la Guerre, de concert avec les officiers généraux et les intendans, avait fait une étude préalable de tout ce qui était nécessaire pour mettre l’armée sur le pied de guerre. Les divers directeurs avaient même été appelés devant l’Empereur en présence du ministre, et il en était résulté un travail d’ensemble, qui fut imprimé et distribué à chacun des intendans sous sa responsabilité personnelle comme un travail secret.

Enfin la dernière condition de la préparation avait été réalisée : un plan, arrêté jusque dans ses détails les plus minutieux, constituait trois armées d’opération, soutenues par trois autres armées de réserve, à Paris, à Lyon et à Toulouse. Leurs emplacemens étaient désignés, les lettres de service des généraux préparées, sur lesquelles les noms de Mac-Mahon, Bazaine, Canrobert, Cousin-Montauban, Trochu, Baraguay-d’Hilliers étaient écrits au crayon et qu’il suffisait de couvrir d’encre pour que les nominations devinssent officielles. N’ayant pas l’intention d’assaillir l’Allemagne, l’Etat-major n’avait point préparé