Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/520

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les corps de troupes. L’approvisionnement en vivres n’était pas moins considérable. On comprend qu’en constatant l’abondance de ces ressources et la sagesse de ces prévisions, Le Bœuf se soit écrié : « Quelle reconnaissance nous devons au maréchal Niel ! » Nous n’étions pas moins bien pourvus en ce qui concerne notre armement. Nous possédions 1 019 264 fusils Chassepot. En rendant à la fabrication son activité suspendue, on pouvait accroître dans d’immenses proportions cet approvisionnement. Les fusils transformés dits à tabatière, destinés à la garde mobile, étaient au nombre de 342 115.

Comme bouches à feu, nous n’étions pas moins prêts. En laissant de côté les obusiers et les mortiers de toute nature, les canons en fonte de fer, en acier fondu et en fer forgé, en nous en tenant aux canons en bronze, dont 2 000 rayés, nous avions 10 111 pièces de campagne. De plus, l’Empereur avait décidé la fabrication d’un canon en bronze de 8, se chargeant par la culasse, égal, sinon supérieur au canon d’acier prussien par la portée et la justesse du tir. On s’était assuré le nombre de munitions, cartouches, obus, nécessaire au service de nos fusils et de nos bouches à feu. Nous possédions 82 000 000 de cartouches pour les chassepots et 95 000 000 pour les fusils à tabatière. On avait 382 528 coups à obus, sur lesquels 365 000 pour les canons de 4 et de 12 de campagne. Pour les mitrailleuses, on avait 3 863 000 cartouches. Et nous pouvions démesurément accroître le nombre de nos munitions d’artillerie. On fabrique les coups de canon avec rapidité lorsqu’on possède les sachets, la poudre et les projectiles. Or, il y avait quatre millions et demi d’obus vides, douze millions de kilos de poudre, 427 054 sachets remplis.

La cavalerie était en bonne situation quant à ses chevaux et à ses harnachemens. Le nombre des chevaux recensés montait à 75 304. Le matériel des équipages militaires était aussi bien monté.

Les forteresses étaient les unes suffisamment, les autres abondamment pourvues[1]. On a relevé, d’après les archives du comité d’artillerie, des manques de matériel plus ou moins sérieux. Est-ce bien regrettable ? Au dire de militaires de haute valeur, et je me permets de partager cette opinion, les

  1. Procès-verbaux du Conseil d’enquête sur les capitulations.