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REVUES ÉTRANGÈRES

UN NOUVEAU ROMAN DE MŒURS BERLINOISES


Kubinke, par Georg Hermann, un vol. 8°, Berlin, librairie Egon Fleischel, 1910.


Et lorsque arriva le dimanche suivant, et que les gens du quartier sortirent dans les rues, il n’y eut personne qui, dans sa surprise, ne fût prêt à jurer que c’était vraiment pendant la nuit dernière qu’avait poussé toute cette verdure. Mais nous, qui avons vu le Printemps à l’œuvre, nous savons bien qu’il lui avait fallu travailler à cela presque la semaine entière) et que ce temps même ne lui aurait sûrement pas suffi sans l’aide de sa longue expérience professionnelle.

Oui, cette fois c’était là un véritable dimanche, un jour si beau, si rayonnant, et d’une douceur si pure et parfaite depuis le matin que chacun des habitans du quartier, en semaine, se serait senti offensé de la vue d’un tel jour comme d’une injure personnelle. Les rues se déroulaient longues, claires et brillantes, et le plus humble des petits arbres qui les bordaient, entourés d’un grillage, se trouvait orné d’au moins dix nouvelles petites feuilles vertes. Et dès le matin les moineaux s’étaient pris d’une telle passion d’amour pour le soleil que peu s’en fallait qu’ils se laissassent écraser par les tramways, et qu’à la dernière seconde seulement ils s’envolassent du pavé jusque sur les arbres, pour continuer d’ailleurs à s’y agiter sans profit en pépiant, en criant, et en battant des ailes. Et toutes les voitures des tramways, depuis le matin, étaient remplies d’hommes endimanchés, dont beaucoup tenaient un enfant dans leurs bras ; et en avant, sur la plate-forme, s’entassaient, debout, des couples d’amoureux qui se souriaient l’un à l’autre, tout en tendant le nez au vent pour se rafraîchir. Aux coins des rues, des jeunes gens s’étaient postés en plein soleil, et, le cigare aux lèvres, attendaient des amis pour s’en aller ensemble à la campagne ; ou bien encore d’autres jeunes gens y stationnaient, montre en main, qui sans cesse tournaient les yeux d’un côté, puis de l’autre, épiant chaque robe claire qu’ils apercevaient avec l’espoir de reconnaître enfin la