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LES MASQUES ET LES VISAGES

PORTRAITS DE FLORENTINES
LE LONG DE LA SEINE ET DE L’ARNO

I
XVe SIÈCLE


I. XVe siècle


Ne vous est-il jamais arrivé, lecteur, tandis que vous visitiez un musée, parfois bien loin de votre pays, d’y retrouver, tout à coup, le portrait d’un de vos amis ? Il est, là, vous attendant placidement depuis deux ou trois ou quatre cents ans et, hors quelque détail de costume ou de décor, il vous accueille de la même façon que votre ami vous accueillerait… Pour moi, chaque fois que je parcours un musée, je me demande pourquoi on fait encore faire son portrait… Ce portrait existe déjà, presque toujours, le plus souvent signé par quelque maître, et il n’est guère de figure rencontrée aujourd’hui dans la rue qui n’ait son double ou sa ressemblance frappante au fond d’une salle de musée, sur les murs, au coin d’une fresque, dans quelque église de notre vieille Europe. Le tout est de la trouver… Car les physionomies humaines, — si infiniment diverse que soit la Nature, — se réduisent toutes à quelques types osseux, musculaires et sanguins, très définis, dont le pinceau des maîtres a, dès longtemps, tracé la ligne-mère et fixé l’essentiel contour.