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demandant compte pour la prétention qu’avaient eue des protestans de réglementer l’Eglise romaine.


Eh bien ! monsieur le ministre, vous avez affranchi le clergé, le voilà complètement émancipé des évêques, il peut en appeler au tribunal de toutes leurs décisions ; et pourtant il ne se soulève pas, le voilà debout, librement, près de ses évêques. C’est la preuve qu’il agit par libre conviction. Et si l’évêque, si le clergé, si le peuple catholique sont ainsi resserrés de toute l’unanimité de leurs énergies, tout homme d’État calme et sensé devrait se demander : Comment cela est-il possible ? Le peuple veut garder sa religion, garder l’Église telle qu’elle est.


Résistance passive, résistance active, c’étaient là des distinctions dans lesquelles Falk n’entrait pas ; juriste assez subtil pour les comprendre, il se raidissait contre elles avec une arrogance de gendarme. Active ou passive, cette résistance était toujours une révolte, aux yeux de Falk ; et d’une telle révolte, Falk ne voulait point. Il reprochait à l’Eglise de ne pas accepter en Prusse ce qu’elle acceptait en Bavière, en Wurtemberg, en Alsace-Lorraine, en Oldenbourg, et ne voulait pas se souvenir que les privilèges dont jouissaient ces Etats résultaient de concessions faites par le Saint-Siège et qu’il s’agissait au contraire en Prusse d’une usurpation spontanée, commise avec désinvolture par d’impertinens législateurs.

Les lois subsisteraient : les retirer, au dire de Falk, eût été sacrifier la souveraineté prussienne. Falk prévenait le Centre qu’au retour des vacances, de nouveaux projets lui seraient apportés ; et puis il prévenait la Gauche que l’idéal de séparation entre l’Eglise et l’Etat, caressé par certains de ses membres, n’était point celui de la Prusse. Les nouveaux projets n’auraient pas un caractère exclusivement répressif, mais la politique des lois de Mai continuerait.

C’est par cette fin de non-recevoir que Falk répondait aux désirs du Centre ; et la presse bismarckienne faisait un crime au Centre d’avoir même osé les exprimer. Vainement Windthorst, Reichensperger, Mallinckrodt, se retranchaient derrière l’inoubliable souvenir qu’avait laissé la politique tolérante de Frédéric-Guillaume IV ; ils étaient accusés par la Gazette de l’Allemagne du Nord d’avoir manqué de respect à la dignité de la couronne.

« Conseiller maintenant à notre auguste souverain, y lisait-on, de retirer la sanction qu’il a donnée à ces lois ou d’en approuver l’abrogation, c’est là une des demandes les plus