là, ou se firent représenter ; leurs rangs s’ouvrirent aussi à l’évêque de l’armée, à l’administrateur épiscopal de Fribourg, et à Ketteler. Ditscheid, secrétaire de l’évêque de Trêves, fut frappé du caractère de gravité que prit tout de suite la réunion : l’on sentait qu’on devait arrêter certaines décisions capitales dont les suites seraient lourdes. Dans un calme que soutenait et qu’animait leur prière, tous ces évêques, en commun, firent en quelque sorte leur testament. Ils prévoyaient qu’ils pouvaient être arrachés à leurs diocèses ; ils stipulèrent qu’en ce cas, le vicaire général hériterait de leurs pouvoirs, et que d’avance deux prêtres seraient désignés pour recueillir successivement à son défaut cet onéreux privilège.
Ils mesurèrent la portée des sanctions pénales, et l’atrocité des périls que courraient peut-être, bientôt, les propriétés et les institutions ecclésiastiques ; ils furent d’avis quand même d’opposer aux lois une résistance passive. Bien que le Saint-Siège, dans divers pays, eût accordé aux gouvernemens certains droits pour la collation des cures, ils estimèrent que la Prusse commettait un abus de pouvoir en s’arrogeant elle-même ce droit, et ils se déterminèrent à ne point obéir. Melchers, le 2 mai, prévint le Pape de ces résolutions. C’était le jour où l’on célébrait la fête de Saint-Athanase, le jour où le bréviaire parlait de ses exils. Les évêques d’Allemagne, en méditant sur son histoire, osaient-ils d’avance y discerner la leur ?
Puis, tous ensemble, ils signèrent une lettre publique par laquelle l’Eglise d’Allemagne remerciait le peuple chrétien. D’elles-mêmes, les consciences, par une intuition perspicace, avaient senti que les projets de loi mettaient en péril les liens entre les évêques et le Pape, les liens entre les fidèles et les évêques, les liens entre l’Eglise d’Allemagne et l’Eglise universelle, et qu’ils menaçaient d’une complète dislocation la charpente même de l’organisme religieux. C’était une consolation pour l’épiscopat, que les catholiques d’Allemagne, pour s’inquiéter, n’eussent pas attendu ses propres inquiétudes. Il les encourageait, les félicitait, les rassurait. Il protestait que, pour toutes les questions douteuses, l’avis du Pape serait souverain ; il réclamait qu’on ne reconnût comme pasteurs légitimes que les membres authentiques de la hiérarchie. Si ferme était cette lettre, et d’une fermeté si tranquille, si sereine, si obstinément sûre d’elle-même, que les fidèles n’avaient à redouter aucunes