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inventeur d’images de ce temps. L’erreur de l’amphithéâtre de Chimie est celle d’une équivoque dont il n’est pas l’auteur : il ne pouvait tirer de ce malentendu qu’un laborieux rébus et son œuvre la plus discutable.

C’est la dernière où M. Besnard ait abordé de front les conceptions de la science, et se soit attaqué au problème qui consiste à en chercher une traduction ou un équivalent plastiques. L’art et la science expriment l’un et l’autre la nature, mais en deux langues différentes, et il n’existe entre elles ni mesure, ni termes communs. Mais la science a tellement imprégné nos idées, elle a tellement modifié notre manière de voir toutes choses, qu’on retrouve son influence dans plusieurs autres endroits de l’œuvre de M. Besnard.

Je n’ai pas à rappeler par quelles circonstances il dut faire de longs séjours à Berck pour la santé de l’un des siens et comment, par reconnaissance, l’idée lui vint de décorer la chapelle de l’hôpital Cazin-Perrochaud. L’œuvre, qui date environ d’une douzaine d’années, a été comparée un peu légèrement à l’un des chefs-d’œuvre de l’Italie, la Madonna dell’Arena de Giotto, à Padoue. Sans doute, il devait tenter l’auteur d’avoir comme les vieux maîtres toute une église à peindre. C’est une occasion qui se fait rare. Mais M. Besnard devait surtout se réjouir de lutter avec les Italiens sur leur propre terrain, et d’avoir à dire son mot sur les choses religieuses.

De cet ensemble assez complexe, une seule partie nous intéresse et nous occupera ici. Ce sont les huit curieux tableaux dont les cartons, peut-être plus précieux encore, viennent d’entrer au Luxembourg. Comment le « peintre de la science » allait-il concevoir la peinture religieuse ? C’est en bien des façons que l’érudition et la critique ont renouvelé pour nous l’ancien aspect des choses. On a lu naguère ici même la magistrale étude de M. Robert de La Sizeranne sur la Modernité de l’Évangile, Des peintres comme les Anglais Holman Hunt et Tissot, comme les Allemands von Gebhart et von Uhde, et comme chez nous M. Lerolle ou M. Léon Lhermitte, malgré l’extrême diversité de leurs talens et de leurs manières, s’inspirent tous plus au moins des méthodes positives. Archéologues, orientalistes, qui