accompagner et aider par ses meilleurs élèves ? Comment ne pas croire que le petit Giotto n’a pas connu Rome, ses monumens, ses artistes lorsqu’on retrouve, chez lui, tant de réminiscences et impressions romaines contre si peu de byzantines, malgré la persistance du byzantinisme à Florence chez l’autre professeur local Andréa Tafi ? Comment ne pas être certain qu’il a, de bonne heure, travaillé à Assise, sous les ordres de Cimabue, peut-être de Cavallini, en compagnie de Torriti, Rusuti, Gaddo Gaddi et quelques autres condisciples devenus plus tard, à leur tour, ses collaborateurs ? C’est l’opinion, du reste, généralement acceptée aujourd’hui. Il y a même de telles similitudes entre certains détails de facture chez ces maîtres et chez lui, qu’on a cru possible de lui assigner sa part déjà personnelle dans quelques peintures du transept, des voûtes, ou parois hautes, de l’église supérieure.
Giotto, non plus que Nicola Pisano, n’est donc point l’enfant du miracle, comme les Florentins se plaisaient à le proclamer. Il a des précurseurs, des préparateurs, des maîtres, dont il fut le collaborateur. Comme eux, à son tour, il aura des condisciples et des élèves qui deviendront ses aides. Ce serait folie de croire qu’à lui seul, il ait pu, de sa propre main, exécuter ces cycles énormes d’épopées religieuses et historiques par lesquels il proclame la bonne nouvelle à tous les bouts de l’Italie, à Florence, Pise, Bologne, Ravenne, Rimini, Rome, Vérone, Padoue, Milan, Naples. Toutefois, dans tout ce qui, de son vivant, porte son nom ou le nom d’un de ses élèves, l’unité d’une direction suivie se marque avec une autorité imposante. Après sa mort, cette autorité restera telle encore, que, durant un siècle, aucune école ne voudra, ne saura ou ne pourra s’y soustraire, jusqu’à l’évolution, scientifique et classique, déterminée par l’Humanisme.
C’est bien ce qui éclate déjà ici. Sans doute, même pour l’œil le moins exercé, dans ces vingt-huit scènes de la légende franciscaine, si tristement, d’ailleurs, altérées, désaccordées, dans leur épiderme, par d’impertinentes et barbares restaurations, il y a d’énormes différences dans la mise en œuvre du carton ou du dessin primitif. Il est clair que tel ou tel coopérateur, suivant ses tendances et sa capacité personnelles, allonge ou ramasse ses formes, allège ou appesantit ses draperies, étudie avec plus ou moins d’exactitude ou de fantaisie ses