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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’intérêt, dans cette dernière quinzaine, s’est porté tout entier sur les questions extérieures. La nouvelle, lancée par le journal le Matin, qu’une convention militaire venait d’être signée entre la Roumanie et la Turquie a mis tous les esprits en mouvement, et la presse s’est livrée à ce sujet à des commentaires qui sont encore fort loin d’être épuisés. Au même moment, on apprenait que le gouvernement ottoman ayant voulu faire, avec des procédés assez nouveaux, un emprunt de 150 millions sur la place de Paris, le gouvernement français avait fait savoir que, dans les conditions où cet emprunt se présentait, il se verrait obligé de ne pas lui accorder la cote à la Bourse. Grande colère à Constantinople ! Les journaux de la Jeune-Turquie ont jeté feu et flammes contre nous, et le gouvernement ottoman a essayé de faire son emprunt ailleurs, ce à quoi il n’a pas réussi jusqu’à présent. Ces événemens ou incidens, politiques, militaires, financiers, rapprochés les uns des autres, ont produit une assez vive impression. Si la situation générale de l’Europe n’en a pas été sensiblement modifiée, elle en a été précisée et clarifiée aux yeux de ceux qui ne la voyaient pas sans quelques illusions. Les intérêts divers ont été mis en évidence ; le fond des cœurs s’est découvert. Quand même la nouvelle du Matin n’aurait pas eu d’autre résultat, elle serait la bienvenue.

Est-elle vraie ? Ne l’est-elle pas ? Il fallait s’attendre à ce qu’elle fût démentie et elle l’a été, mais non pas d’une manière aussi catégorique ni aussi rapide que cela arrive habituellement. Il y a eu comme un peu de flottement dans l’opération, et on en a généralement conclu que, suivant l’expression populaire, il y avait quelque chose. C’est aussi notre sentiment. La nouvelle n’aurait pas produit l’effet qu’on a pu constater si elle n’avait pas été jugée très vraisemblable. Qu’il n’y ait pas expressément une convention écrite, un papier échangé