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émigré politique livournais, M. Pompeo Sulema qui ouvrit à Tunis la première école. Depuis 1888, le gouvernement italien entretient lui-même ces groupes scolaires, où l’on suit les programmes de la métropole avec des variantes : par exemple, des cours de français, d’anglais et d’arabe.

M. Tilloni a déposé à Montecitorio, le 18 octobre 1909, un projet de réorganisation des écoles à l’étranger[1]. Ce projet maintient le principe actuel : écoles du gouvernement dans la Méditerranée et écoles subventionnées en Amérique. Mais il régularise les inspections et il améliore notablement la situation des instituteurs. En voici les dispositions principales : les écoles royales établies à l’étranger sont laïques. Elles admettent des élèves de toute religion et de toute nationalité. L’enseignement religieux, gratuit ou payant, peut y être donné, en dehors des heures de classe, à la demande des pères de famille. Ces établissemens comprennent des asiles, des écoles élémentaires et des écoles moyennes. Les instituteurs et institutrices sont nommés au concours parmi ceux du royaume qui, n’ayant pas dépassé l’âge de trente ans, possèdent des conditions physiques et morales ainsi que des aptitudes spéciales au service des écoles à l’étranger. Enfin, le projet désigne un fonctionnaire compétent pour la surveillance de ces établissemens et leur inspection annuelle.

L’importance croissante de l’immigration italienne en Tunisie impliquerait la création de nouvelles écoles de cette nationalité, mais la convention du 28 septembre 1896, entre la France et l’Italie, a consacré le statu quo : « En ce qui concerne les écoles italiennes actuellement ouvertes en Tunisie,… le statu quo sera maintenu… » Est-ce à cela qu’il faut attribuer, au moins en partie, l’attraction qu’exercent les écoles françaises ? En 1907, sur 160 candidats italiens aux divers examens (y compris le baccalauréat), 133 ont été reçus. Los Italiens ont en effet tout intérêt à faire apprendre le français à leurs fils ; ils l’ont parfaitement compris. Le 1er janvier 1908, 23 618 élèves fréquentaient nos établissemens scolaires. On comptait, sur ce nombre, 6 215 Italiens, soit 26 pour 100 du total. Aussi, nos établissemens ne suffisent-ils plus aux besoins ; et, comme de nouveaux centres en réclament sans cesse, le protectorat a pris pour règle

  1. Voté récemment par la Chambre.