« On peut décrire ou peindre un beau paysage ; le prestige des pinceaux ou de l’élégance peut rappeler les images, les nombrer, les arranger, les accumuler. Mais faire passer dans l’âme ce calme intéressant qu’inspire un lointain champêtre, cette exaltation produite par l’aspect de montagnes majestueuses, ou ce contentement profond que donne la vue d’une riche campagne chargée de moissons : ah ! que l’art cède ici et qu’il rende à la nature des droits qu’il ne saurait usurper ! » Ainsi s’exprime en 1771, dans le petit volume où il note selon le goût de l’époque ses impressions de voyageur, le marquis de Pezay[1] à son arrivée à Colmar. Et, son cœur sensible s’extasiant toujours, il continue, sur le même mode, à la fois bucolique et lyrique : « Les moissons ne sont pas plus riches que les filles ne sont jolies. Là, tous les yeux sont grands, les cheveux fournis, les dents nettes, les bras bien attachés, les bouches roses et disposées au sourire… là tous les régimens veulent être en garnison… Quel plaisir de voir tout ce joli peuple répandu dans
- ↑ Soirées helvétiennes, alsaciennes et franc-comtoises. Amsterdam et Paris, 1771, in-8, p. 69.