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des ministres de l’établissement d’un évêché vieux-catholique.

M. Schulte entra dans le détail : il fallait que cet évêque, que son clergé eussent une vie assurée ; c’est le spectre de la faim, disait-il, qui retient dans l’Eglise romaine beaucoup de prêtres, et l’Etat, d’après lui, pouvait rendre un grand service en subventionnant sur certains fonds secrets cette nouvelle personne juridique, la corporation des vieux-catholiques. « Les fonds dont vous parlez, interrompit le chancelier, servent pour les armées et pour les canaux ; » et il déclara qu’il préférait faire inscrire au budget, ouvertement, une somme pour les vieux-catholiques ; qu’en droit, toutes les ressources de l’Église devraient leur appartenir ; et qu’il convenait, dès lors, de leur donner au moins le nécessaire.

M. Schulte insista, aussi, pour que les vieux-catholiques fussent dispensés, et cela, s’il le fallait, par une loi, de payer les impôts d’Eglise et de confier l’instruction religieuse de leurs enfans à des prêtres ultramontains. Entendu, répliqua Bismarck ; mais sans s’attarder à cette question, il développait, devant M. Schulte, le programme législatif qui, le lendemain, serait discuté par le Conseil. Légiférerait-on sur l’obligation du mariage civil ? Peut-être, quoique Bismarck n’y tînt pas et quoique l’Empereur y fit beaucoup d’objections ; mais on s’occuperait, en tout cas, de l’éducation des prêtres ou des pasteurs, et des pouvoirs disciplinaires de la hiérarchie.

M. Schulte ne cacha pas que ces projets lui paraissaient manquer leur but ; qu’on n’atteindrait pas l’ultramontanisme et qu’en les étendant à l’Eglise évangélique on mécontenterait les protestans. A quoi Bismarck répliqua que Falk et les ministres voulaient que les projets de loi concernassent les deux confessions. Les indications et les suggestions que Falk avait reçues de M. Schulte n’avaient eu visiblement qu’une médiocre influence sur l’esprit du ministre ; mais du moins M. Schulte, quittant Bismarck, emportait-il cette assurance que le chancelier avait confiance en lui, et le seconderait.

M. Schulte, qui, le 5 janvier, visitait Falk, avait des nouvelles, par lui, du Conseil des ministres. « L’allocution papale, avait dit Boon, est la plus grande insolence qui se puisse concevoir ; » Camphausen, ministre des Finances, avait proposé d’élever la dotation des curés succursalistes, avec l’espoir, sans doute, de les gagner à la cause de l’Etat dans la lutte contre Rome.