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BISMARCK ET L’ÉPISCOPAT
LA PERSÉCUTION (1873-1878)

I
LA PRÉPARATION ET LE VOTE DES LOIS DE MAI

La formation du Centre, rendue nécessaire par les desseins des nationaux-libéraux contre l’Eglise, avait mécontenté Bismarck ; il avait dépensé d’inutiles efforts pour que Rome désavouât ces députés qui défendaient les prêtres et troublaient, par leur existence même, le genre d’équilibre parlementaire qu’il rêvait. Tel l’éclair dans un ciel chargé d’orages, telle alors avait surgi, soudaine et zigzagante encore, la colère bismarckienne ; menaçante pour l’Église non moins que pour le Centre, elle avait détruit, au ministère des Cultes, cette « division catholique » qui depuis trente ans, à la façon d’un paratonnerre, semblait protéger le catholicisme prussien ; elle avait capricieusement ravagé le terrain scolaire, immense région dans laquelle depuis vingt ans l’Eglise et l’État vivaient en bonne harmonie ; et puis, foudroyante, elle s’était abattue sur quelques centaines de Jésuites, et les avait dispersés. Elle agissait plutôt par saccades que d’après un plan préconçu, et, tour à tour, déconcertait les catholiques par ses heures d’acharnement, et leurs adversaires par ses heures d’accalmie. Nationaux-libéraux et vieux-catholiques avaient en portefeuille des projets tout prêts, marquant à l’avance certaines victimes, indiquant à l’avance la