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Il faut même ajouter que certaines météorites affectent une analogie tout à fait intime avec d’autres catégories encore de masses volcaniques terrestres, parfois pour la composition en même temps que pour la structure, et, dans certaines circonstances, pour la structure seulement.

Dans la première série, il existe des météorites dont les fragmens ne sauraient être distingués de ceux de diverses laves terrestres, par exemple, de laves d’Islande. La pierre tombée le 15 juin 1821, à Juvinas, dans l’Ardèche, est formée des mêmes minéraux que la lave vomie par le volcan de Thjoza (Islande), et la roche tombée à Chassigny reproduit rigoureusement, comme nous l’avons déjà dit, les caractères de certaines roches volcaniques de notre Plateau central et de la Nouvelle-Zélande.

Dans la seconde catégorie, on doit mentionner des masses dont toute l’économie est semblable à celle des cinérites, c’est-à-dire de roches résultant de l’agglutination de cendres volcaniques accumulées en couche et souvent recouvertes de lits d’une tout autre origine. Dans les cinérites, dérivant, comme on sait, de projections solides de volcans, on trouve des fragmens de diverses grosseurs (des lapilli, disent les Italiens), cimentés par une fine poussière de même composition. Si l’on arrache les fragmens, on voit à leur place le moulage de leur forme dans la roche fine.

Nous avons d’admirables répliques des cinérites parmi les météorites. En première ligne, il faut signaler la masse tombée le 13 octobre 1872 à Soko Banja, en Serbie, à côté de laquelle beaucoup d’autres pourraient prendre place. C’est une roche essentiellement fragmentaire, formée d’une poussière, ou cendre, dans laquelle sont répandus des lapillis de grosseur très variable. La composition est différente de celle des lapillis terrestres ; mais la structure est si conforme à la leur qu’il faut y voir un produit des mêmes causes générales. Le moteur de l’éruption n’a sans doute pas été l’eau, car une bonne partie de la masse consiste en fines grenailles de fer métallique qui n’auraient pas manqué de s’oxyder ; mais nous sommes sûrs que, dans le milieu météoritique, des principes gazeux se sont développés avec assez de tension pour déterminer de véritables éruptions volcaniques.