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au voisinage de trois autres masses découvertes successivement en 1802 par Olbers (c’est Pallas), en 1804 par Harding (c’est Junon), et en 1807, encore par Olbers (c’est Vesta). Et le célèbre astronome de Brème, par une intuition qui tient du génie, émit l’avis que ces quatre planètes doivent être les débris séparés d’un corps jadis unique. La suite est venue confirmer cette vue, en multipliant les découvertes d’astéroïdes qui, après un intervalle de trente-huit ans pendant lequel on ne trouva rien, se sont si bien succédé de 1845 à nos jours, que maintenant le nombre total des planètes gravitant entre les orbites de Mars et de Jupiter est de plus de 600. Ces planètes sont si petites que, malgré leur nombre, elles ne formeraient pas, par leur réunion, un corps d’un diamètre supérieur au vingtième de celui de la Terre ; quant à son volume, il serait de huit à neuf mille fois plus petit que celui de notre globe. On peut croire, en outre, qu’on est encore loin d’en avoir fait le recensement complet.

Il faut noter à cette occasion que le refroidissement spontané des astres doit convertir la bulle fluide qui les constitue à L’origine en une coque solide, mais creuse, et plus ou moins épaisse. Le volume des débris de celle-ci, accumulés sans interstices, serait dès lors beaucoup plus petit que celui de la coque elle-même.

D’un autre côté, rien n’est moins sûr que la sphéricité de ces astres et même on y a constaté des variations considérables d’éclat qui s’expliqueraient tout naturellement s’il s’agissait de fragmens anguleux, nous présentant tantôt une surface relativement large, tantôt un sommet. Leur apparence plus ou moins globulaire au télescope peut résulter d’une illusion d’optique, étant donné leur dimension vraiment infime.

Les chiffres obtenus par des astronomes de haute valeur dans la mesure des mêmes planètes, effectuée à des époques différentes, appuieront cette hypothèse. Ainsi Cérès s’est montrée à Argelander avec 370 kilomètres de diamètre, tandis que Stone ne lui en a trouvé que 315 et que Barnard, au contraire, en annonce 964. De même pour Pallas, les trois observateurs qui viennent d’être cités ont assigné au diamètre de la planète une longueur de 261 kilomètres, 275 kilomètres, 400 kilomètres. Pour Vesta, leurs chiffres respectifs sont de 443, 345, 382 kilomètres. Cette divergence s’est retrouvée dans beaucoup d’autres cas.