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éloquens. La Lune peut à bon droit passer pour la masse la plus essentiellement volcanique que nous soyons à même d’observer, et la dimension de ses cirques, la hauteur de ses poussées éruptives, le volume de ses coulées, la surface de ses champs de cendres, ne laissent aucun doute sur la violence des explosions dont elle a été le théâtre. Il faut donc admettre que le refroidissement séculaire qui, chez nous, épaissit chaque jour la croûte du globe, et permet une pénétration de plus en plus profonde des eaux et des gaz appelés par capillarité dans les régions souterraines, a atteint une proportion assez considérable pour que les mers et l’atmosphère aient été définitivement bues par le sol. Dans la série évolutive mentionnée tout à l’heure et restreinte à quelques types convenablement choisis, le premier rang étant accordé à Vénus, le second à la Terre, le troisième à Mars, nous sommes conduits à donner le quatrième à la Lune.

Mais il y a plus encore : la face de notre satellite laisse voir un autre témoignage de sa dessiccation totale. C’est un système de véritables crevasses du sol, que les astronomes qualifient de rainures et dont les premières ont été signalées par Schroetter, à la fin du XVIIIe siècle. On en connaît maintenant des milliers. Les dernières photographies, prises à l’Observatoire de Paris par M. Lœwy, permettent de les étudier en détail. Elles constituent de véritables fendillemens sur la signification desquels tout le monde est maintenant d’accord.

Or, c’est là l’origine et le premier terme d’une série de phénomènes qui se sont développés davantage dans certaines régions du ciel et qu’on a décrits sous le nom de rupture spontanée des astres.

Naturellement, cette rupture se produit dans des régions du système solaire extérieures à l’orbite de Mars et qui présentent des particularités extrêmement remarquables.

La prétendue loi de Bode, formulée en 1778, qui rattache à une progression géométrique la série des distances croissantes, de Mercure à Uranus, des planètes au Soleil, comportait une lacune tout à fait singulière, entre l’orbite de Mars et l’orbite de Jupiter. C’est seulement au premier jour du XIXe siècle, le 1er janvier 1801, que Piazzi, astronome de Palerme, découvrit Cérès à la place vide. Toutefois, le volume vraiment infime de ce corps céleste, comparé à celui des autres planètes, avait de quoi surprendre. Aussi regarda-t-on comme une sorte de compensation la présence tout