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tantôt à un feu de peloton parfois très prolongé, avec des renforcemens et des affaiblissemens successifs.

On a cherché longtemps la cause de l’incandescence et du bruit des bolides. On rapporta d’abord réchauffement au frottement de l’air. Mais Regnault et, à sa suite, Govi, de Turin, démontrèrent que le frottement des gaz contre les bolides n’y développe pas de chaleur sensible, même dans les conditions les plus favorables. Delaunay adopta l’idée, déjà émise par Haidinger, que l’échauffement résulte de la compression infligée par le bolide aux particules atmosphériques. Divers savans attribuèrent l’incandescence du bolide à la destruction de sa force vive au moment où il traverse l’air. Mais le calcul appliqué à des questions aussi compliquées conduit à des conséquences évidemment fausses : relativement au bolide d’Orvinio, M. Ferrari arriva à trouver que la destruction de la force vive avait dû développer une température de 1 936 931 degrés centigrades ! En outre, si telle était en effet l’origine de la température développée, celle-ci devrait se produire également dans toute la masse de la météorite, qui conserverait des traces de cet énorme échauffement. Or, l’étude directe nous a prouvé que l’échauffement est exclusivement superficiel.

En effet, l’écorce noire qui recouvre les météorites est le fait de l’échauffement atmosphérique. La constance de cette croûte est l’un des caractères qui permettent de distinguer tout d’abord une pierre céleste d’une roche terrestre.

Aussi, au moment de leur chute, les météorites sont généralement beaucoup trop chaudes pour qu’on puisse y toucher avec la main. Mais, comme nous venons de le dire, cette chaleur est localisée à la surface, et l’intérieur est, au contraire, remarquablement froid, à en juger d’après deux observations des plus dignes de foi. Agassiz raconte que, lors de la chute qui eut lieu à Dhurmsalla (Inde), le 14 juillet 1860, les pierres fumantes ayant été brisées par les assistans, ceux-ci furent bien surpris d’en trouver l’intérieur si froid qu’on n’en pouvait supporter le contact sans une vive douleur : c’était à la lettre comme la glace frite que les Chinois ont inventée bien avant nos cuisiniers. D’un autre côté, M. Bombicci, dans sa notice sur les météorites tombées, le 16 février 1883, à Alfianello, près de Brescia, en Italie, constata que la surface d’une cassure faite immédiatement était extrêmement froide.