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I

L’histoire des météorites comprend un chapitre météorologique dont nous ne saurions faire abstraction sans compromettre la netteté de nos conclusions. D’ailleurs, les incidens dont s’entoure la venue de ces « messagères célestes, » comme on a quelquefois appelé poétiquement les météorites, méritent à plus d’un titre d’être rapidement résumés.

Le phénomène se produit tout à coup, sans aucun signe précurseur : un globe de feu apparaît dans les hautes régions de l’atmosphère : c’est le bolide.

Quand ce météore n’a pas été signalé, c’est que sa présence était dissimulée, soit par des nuages épais, soit par l’éclat trop grand du soleil. Mais durant de belles nuits, la lumière du bolide est si éclatante qu’elle efface celle de la lune. Ce fut ce qui arriva le 24 juillet 1790, lors du bolide de Barbotan (Gers), le 19 décembre, pour celui de Bénarès (Inde), le 14 mai 1864, pour celui d’Orgueil (Tarn-et-Garonne), etc.

La couleur du globe de feu est diverse selon les cas. Ainsi, le bolide de Barbotan était d’un blanc blafard, celui de Saint-Mesmin (Aube), 30 mai 1866, rougeâtre, celui d’Orgueil, rouge, puis blanc.

La grosseur est assez difficile à estimer, voire pour le même météore vu par divers témoins, car cette apparence, dépourvue de tout point de repère, varie selon la situation de l’observateur. En général, comme pour Barbotan, le globe semble avoir le diamètre de la lune. L’éclat peut faire illusion sur la dimension véritable. Il est possible, à cause des phénomènes d’irradiation, que les bolides soient beaucoup plus petits qu’ils ne le paraissent.

Le bolide parcourt avec vitesse une grande étendue de ciel ; sa trajectoire est si peu inclinée sur l’horizon qu’elle paraît souvent presque horizontale.

La direction est très variable : le bolide d’Orgueil se mouvait du Nord-Ouest au Sud-Est ; celui de Charsonville (Loiret) (23 novembre 1820), du Nord au Sud ; celui de Weston, Connecticut (14 décembre 1807), de l’Est à l’Ouest ; celui de Laigle, du Sud-Est au Nord-Ouest ; celui de Bénarès, de l’Ouest à l’Est ; celui de Barbotan, du Sud au Nord, etc.