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LES
PIERRES TOMBÉES DU CIEL
ET
L’ÉVOLUTION PLANÉTAIRE

L’homme a toujours commencé par voir, dans tout phénomène grandiose et inaccoutumé, une manifestation des puissances surnaturelles. La foudre qui éclate, c’est le char de Thor roulant dans l’espace. Les pierres qui tombent du ciel sont lancées par les dieux : celle que l’on voyait près du temple de Delphes avait été, dit-on, rejetée par Saturne. Une autre était adorée à Rome où on lui éleva un temple, et lui donna des prêtres. Les Phéniciens l’appelaient Elagabale, les Phrygiens, la Mère des Dieux, les Libyens, Jupiter Ammon. Une monnaie commémora sa translation, en l’an 104 avant notre ère, dans la capitale du monde, sur un char attelé de quatre chevaux.

Au sentiment de plusieurs auteurs, la numismatique semblerait, d’ailleurs, avoir attaché un intérêt tout particulier aux pierres tombées du ciel. Des monnaies de l’île de Chypre montrent un gros bloc conique, qui serait une météorite placée sous le péristyle d’un temple, devant un bassin avec ou sans poissons, selon les exemplaires. C’est, pense-t-on, le symbole de la Diane de Perga que représente une pierre disposée sur le fronton d’un temple à deux colonnes. On trouve cette gravure sur des monnaies de Caracalla, de Septime-Sévère et d’autres empereurs. Une médaille de Drusus le Jeune porte, au revers, Jupiter de Salamine tenant dans sa main gauche la pierre