pas obéis les ordres donnés du haut de la tribune par M. le président du Conseil. » On dira peut-être que c’est là une imputation d’un ordre général et par conséquent un peu vague : il faudrait des faits précis. M. Milliard en donne. Qui ne sait combien le paysan est sensible à toutes les obligations du service militaire ? Aussi, n’a-t-on pas manqué de reprocher à M. Milliard d’avoir voté contre le service de deux ans et contre la réduction des périodes d’exercice. Mais ce n’est rien ; voici la manœuvre qu’il dénonce : « Le contingent de notre canton, vous le savez, dit-il, se partage en deux parties à peu près égales, dont l’une est envoyée dans l’Est, tandis que l’autre reste en Normandie ou ne s’en éloigne guère. On prêtait à mon concurrent une influence à laquelle je ne voulais pas croire. Je commence à y croire, car les deux derniers jours de la période électorale, il a parcouru le canton en automobile, accompagné du commandant de recrutement de qui relève notre canton, à la stupéfaction des électeurs. Quand j’ai connu ce fait d’anarchie militaire, j’en fus, j’en suis encore aussi stupéfait qu’eux. » Nous serions curieux de savoir si M. Combes ne voit pas là un acte de corruption. Eh bien ! de tels actes sont un produit de son gouvernement ; ils s’y rattachent comme les effets à la cause, et la même cause a multiplié les effets de ce genre avec une si grande abondance que le pays en a été gangrené. Que M. Combes vienne après cela protester contre la corruption, on nous permettra d’en rire, c’est tout ce que mérite son intervention. Il est dans son rôle lorsqu’il annonce l’intention de dire du haut de la tribune du Sénat ce qu’il pense et « ce que sans aucun doute, assure-t-il, tout le parti radical et radical-socialiste pense aussi d’une situation politique qui permet aux réactionnaires de toutes nuances de s’abriter, pour se poser en républicains, derrière le nom et le langage du chef actuel du gouvernement. » C’est ce qu’ont répété après lui, presque dans les mêmes termes, M. Chamerlat à Clermont et M. Montet à Lyon. Il lui appartient très légitimement de donner le signal de cette campagne politique et de la diriger. Mais il n’a pas le droit de parler de la corruption électorale, car nul n’en a été l’instigateur et le propagateur avec plus de puissance, que lui.
Il faudrait pourtant s’entendre sur les griefs du parti radical et radical-socialiste contre le ministère actuel. M. Chamerlat dans son discours et M. Montet dans sa motion affectent de parler, le premier d’ « empiétemens sur les principes civils, d’accrocs aux lois de laïcité, » le second de « république laïque, démocratique et sociale. » Ailleurs encore on a fait allusion à l’école laïque comme si elle était menacée