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pour s’enrichir à cette époque. Si les hautes fonctions militaires étaient honorifiques dans les armées nationales du temps, les stratèges, taxiarques, hipparques, triérarques, recevaient une large part du butin. Et les proxènes qui se chargeaient de représenter les villes d’Ionie ou de Grèce dans la puissante métropole de la ligue nouvelle étaient bien rémunérés. C’est ainsi que Cimon, qui conduisit la plupart des expéditions contre les Barbares, y trouva le moyen, non seulement de rendre à sa famille le rang qu’elle avait perdu par l’énorme amende infligée à son père, mais d’édifier une fortune considérable et d’étonner Athènes par sa munificence. Il est probable que la masse, là comme partout, s’est exagéré souvent les profits des grands, mais il est certain que les dépouilles laissées sur tant de champs de bataille, les rançons de tant de captifs appartenant aux grandes maisons de Lydie, de Phrygie ou de Perse, les services rendus à tant de cités, ont fait la fortune de plus d’un Athénien.

Une source de richesse plus abondante encore, et surtout plus régulière, fut le Laurion. Nous avons dit l’expansion rapide donnée au monnayage athénien par la fondation de la ligue. Il faut ajouter que les capitaux placés dans les mines se multipliaient vite, grâce à l’emploi de la main-d’œuvre servile.

L’esclave ne coûtait alors que 200 drachmes, quand il n’avait pas besoin d’un apprentissage technique difficile, et c’était le cas pour le travail des mines. Quand le filon était riche, on gagnait une obole par jour, soit 30 pour 100. Nicias, fils de Nikératos, qui devait sa fortune aux mines, louait à un entrepreneur, Sosias de Thrace, 1 000 esclaves produisant, tous frais faits, 150 drachmes environ par jour. Hipponikos eut 600 esclaves, produisant 100 drachmes par jour ; Philémonide, 300 esclaves rapportant 50 drachmes, etc.

La plupart des fortunes qui se sont édifiées alors à Athènes ont eu le Laurion pour origine. Et plus d’un, grâce à quelque coup de pioche heureux, a brûlé les « étapes, » comme cet Anthémion dont la statue, placée sur l’Acropole, rappelait encore au temps d’Aristote qu’il était


Passé du rang du thète au rang de chevalier.


A partir du moment où le commerce maritime prit son essor (vers 453), on vit naître aussi de rapides fortunes commerciales Le Diodote, que nous avons déjà rencontré, avait acquis ses