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piraterie. Les récits d’Hérodote montrent l’Archipel, au XVe siècle, fourmillant de pirates ; Athènes avait pris, dès son entrée en scène, des mesures énergiques pour faire cesser ces maux, avait nettoyé Skyros, Karystos, etc. Par la suite, sa vigilance ne se relâcha pas : sous Périclès, soixante trières faisaient tous les ans, régulièrement, la police de l’Archipel. La piraterie, qui est encore un fait constant, courant, dans les récits d’Hérodote, apparaît déjà à Thucydide comme un indice de temps barbares et comme un fait criminel. Pendant soixante-trois ans (475-412), la mer Egée a connu la tranquillité et des relations maritimes régulières : lorsque les Athéniens, à la veille d’appareiller pour la Sicile, voulurent empêcher les bâtimens de commerce de prévenir trop tôt l’ennemi visé, ils mirent l’embargo d’un seul coup sur 100 vaisseaux.

Les risques de la navigation restaient gros, même ainsi, et l’on prêtait couramment à 20 ou 30 pour 100 sur les cargaisons de navire.

Ce commerce donna satisfaction au besoin sans cesse croissant de matières premières. La population ne se contenta bientôt plus du blé qui venait d’Eubée par Oropos et Décélie ; il fallut lui apporter celui d’outre-mer, d’Egypte et surtout du Pont : la grande halle au blé, au Pirée, fut une des créations les plus remarquées de Périclès. Le bois aussi, bois de Macédoine ou de Thrace, arriva en plus grande abondance, à mesure que les montagnes d’Attique se dénudèrent, et que la marine se développa. D’une manière générale, on put écrire, vers 420, que tout ce que la Sicile, l’Italie, Cypre, l’Egypte, la Lydie, le Pont, le Péloponnèse, produisaient d’agréable, se retrouvait dans les bazars d’Athènes.


L’Attique ne se contenta pas longtemps de donner en échange de l’huile, des poteries et de l’argent. Bientôt y naquit une industrie qui travailla en grand, et pour l’exportation.

Certaines industries restèrent fidèles aux anciens procédés : par exemple, la poterie, qui vivait de sa renommée, maintenant universelle, de soin el d’élégance raffinée. Mais dans d’autres branches, où le travail soigné n’était pas nécessaire, où l’on pouvait produire en gros, et vendre de la pacotille, la production en masse, la production par des bandes d’esclaves, commença. Le premier exemple que nous connaissions est celui de ce Képhalos