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une série de règlemens le concernant : le législateur avait dû prendre des précautions contre cette culture déjà envahissante, défendre de planter de nouveaux arbres à moins de 3 mètres des plants voisins, etc. Au temps des Piisistratides, les olivettes s’étaient particulièrement développées : au début du Ve siècle, elles étendaient déjà leur feuillage élégant autour d’Athènes et dans toute la Mésogée. La destruction des oliviers fut un des coups les plus sensibles portés à l’Attique par le passage des Barbares.

Dès le temps de Solon, il avait donc fallu tenir compte de la production en huile pour fixer les limites des différentes classes : ces limites étaient, on l’a vu, 666, 66 — 400 — 200 mesures solides ou liquides. Pour les liquides, l’unité de mesure était le métrète (38’, 88) : on estimait donc alors que 266, 66 —160 — 80 hectolitres d’huile équivalaient à 333, 33 —200 — 100 hectolitres de blé. Notons que le capital foncier correspondant était sensiblement plus grand pour l’olivier que pour les céréales, d’autant que dans ce sol pauvre en eaux, les plants étaient particulièrement espacés. Mais le législateur athénien se fondait uniquement sur le revenu : or le métrète, comme le médimne, valait alors 1 drachme[1]. — Il est intéressant d’examiner pourquoi, au bout d’un siècle, la correspondance des valeurs du blé et de l’huile avait pu se maintenir.

La culture de l’olivier ayant gagné, on s’attendrait d’abord à constater une diminution de la valeur de l’huile en Attique vers 500 ; si le fait ne s’était pas produit, c’est qu’en même temps, l’huile attique avait devancé et dépassé, sur les marchés du dehors, celle des autres pays grecs. Hérodote exagère certainement lorsqu’il prétend que, vers 600, il n’y avait d’oliviers qu’en Attique : mais il est sûr que Solon, en interdisant l’exportation des produits du sol, avait fait une exception pour l’huile. Depuis, le mouvement avait continué : on le suit, en quelque sorte, à l’expansion croissante de la poterie attique. Les vases qui figurent dans nos musées servaient avant tout à contenir l’huile, et l’art avec lequel on les ornait n’était qu’un effort pour mettre le contenant à la hauteur du contenu[2]. Or, ceux d’entre eux qui datent de la fin du VIe siècle et du début du Ve siècle se rencontrent

  1. Rappelons, une fois pour toutes, que le drachme valait un peu moins d’un franc, en poids. Le talent valait 6 000 drachmes.
  2. Voyez sur ce sujet Pottier, Rev. Archéol. 1904, I, p. 48.