Laurion, pour faire fondre le minerai argentifère, dans toute la contrée, pour construire des trières. Le pays n’a donc pas toujours eu l’aspect de désert pierreux qu’on lui voit maintenant ; mais il a toujours été pauvre. L’hectare, cultivé en blé, y rapportait tout au plus 12 hectolitres, et seulement une année sur deux[1]. Cultivé en oliviers, il ne rapportait guère plus de 2 hectolitres d’huile. En Grèce même, la Béotie, l’Elide, la Laconie, étaient plus favorisées. Et l’on s’explique que la fertilité de l’Italie méridionale, de l’Egypte ou de la Chaldée ait longtemps paru fabuleuse aux Athéniens. Lorsque, dans un cadre naturel comme celui-là, on se trouve en présence de faits qui attestent la richesse des hommes, on peut les attribuer a priori à la mer, aux relations avec l’étranger. Par exemple, la contrée semble avoir traversé une première période de réelle prospérité aux lointaines époques que nous comprenons sous le nom de mycéniennes : on en a conclu avec raison qu’alors les marins orientaux fréquentaient avec régularité les côtes de l’Attique. Au siècle de Périclès, on peut heureusement étudier de plus près le phénomène.
Après l’époque lointaine et peu connue à laquelle nous venons de faire allusion, il s’est écoulé une longue période pendant laquelle la société attique a vécu de la terre.
Au début, nous entrevoyons un temps où deux ou trois cents grandes familles se partageaient la propriété de tout le pays. Cette classe avait fini par prendre les allures d’une véritable caste, lorsque, au VIIe siècle, Athènes passa au régime qu’un fougueux aristocrate de Mégare définissait par la formule : « De nos jours, c’est la propriété qui fait l’homme. » On établit alors quatre classes censitaires : les pentacosiomédimnes récoltaient sur leurs terres 500 mesures ; les chevaliers, 300 ; les zeugites, 150 ; les thètes, moins[2]. Plus tard, on a attribué cette division à Solon, l’archonte bien connu de 594-3. Mais on entrevoit seulement qu’au temps de Solon toute cette organisation était