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Si la déchirure de la coque n’est pas telle que l’air restant s’échappe, une cloison qui cède ou qui fuit n’amènera pas le remplissage complet du bateau : l’eau se tiendra dans le bas des compartimens indemnes, en refoulant l’air à leur plafond comme dans une cloche. Seulement, elle le comprimera : compression mortelle pour peu qu’elle soit ou trop soudaine, ou trop forte. La limite est enseignée par la pratique du scaphandre. Le scaphandrier, soumis lui aussi à la pression ambiante, ne peut guère s’aventurer au-dessous de 50 mètres. On cite cependant quelques travaux exécutés à 55 et deux exemples à 60 et 65. Mais ce dernier coûta la vie au plongeur. Deux officiers de la marine anglaise, chargés par l’Amirauté en 1905 d’étudier les conditions du problème, ont pu atteindre 64 mètres, grâce à toutes les précautions et avec toute la lenteur nécessaires. Ce sont là des cas exceptionnels.

Point donc de vivant à chercher plus bas que 65 mètres. On n’y pourrait même aller, du moins par les moyens actuels. Le seul dont on dispose, c’est le scaphandre, inventé il y a juste cent ans en juin 1810 par l’Allemand Schmidt qui l’expérimenta dans la Seine. Si le scaphandrier peut atteindre de grandes profondeurs, encore faut-il des hommes choisis, une eau calme et une organisation parfaite ; et il ne saurait travailler à ces niveaux extrêmes. A partir de 35 ou 36 mètres, la descente peut être considérée comme dangereuse, et déjà au-delà de 27 mètres, le travail comme presque impossible : l’homme n’a plus que la force de se conserver. Ces résultats ont été confirmés par la commission anglaise, qui d’autre part a constaté l’obscurité absolue régnant après 43 mètres.

C’est un inconvénient auquel on pourra remédier en munissant le plongeur d’une lampe électrique. Mais voilà le scaphandrier limité en deçà de 30 mètres. En dessous de cette zone il en reste une autre d’égale profondeur où le sous-marin peut se trouver déposé sur le fond avec son équipage prisonnier : restera-t-il sans secours ? Il y a là une situation à laquelle on ne se résignera pas, en France surtout ; voyons donc si un autre instrument que le scaphandre permettrait d’aller plus loin.

On en a imaginé pour l’exploitation des épaves laissées par les grands naufrages. Il n’y a pas longtemps encore, un inventeur italien proposait à notre marine un type ingénieux de