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En Angleterre, on cherche autre chose. On a voulu munir chacun des marins d’un petit scaphandre permettant de traverser les compartimens envahis et de se frayer un passage. Le procédé très intéressant donnera peut-être des résultats une fois au point. Malheureusement, il s’accorde surtout avec un genre de construction qui supprime la garantie des cloisons étanches. On ne coupe plus le bâtiment dans le sens de la longueur. Il reste tout d’un tenant d’un bout à l’autre : en largeur seulement il est divisé dans la partie haute par deux grandes cloisons longitudinales incomplètes, qui ne descendent pas jusqu’au parquet. Les hommes, en se baissant, peuvent passer dans l’une ou l’autre des tranches latérales ainsi formées. Vienne l’eau, l’air s’accumulera dans le haut de ces poches. Les hommes s’y réfugieront, y trouveront suspendus leurs petits scaphandres individuels, n’auront qu’à passer le casque et attacher la ceinture.

Dans ce casque, est une substance chimique, de l’oxylithe, qui produit de l’oxygène au contact de la vapeur d’eau exhalée par la respiration. Théoriquement, l’homme pourra donc vivre en pleine eau quelques heures peut-être, ouvrir les portes et les capots, se laisser aller dans l’eau qui le portera vers la surface, grâce au ballon d’air contenu dans la ceinture. Des expériences ont été faites à Portsmouth ; des marins ont été descendus dans des cloches au fond d’un bassin du port, ils ont revêtu leur appareil, ouvert la porte de leur prison et sont revenus sur l’eau, mais de 4 ou 5 mètres seulement. Plus bas, les difficultés seraient bien autres. L’une des plus importantes consiste dans les changemens de pression, que nul ne saurait supporter, s’ils sont à la fois brusques et notables. C’est un point que l’on a étudié, et il est admis que, pour remonter de 20 à 22 mètres sous la mer, il ne fallait pas moins de 5 minutes. Il n’importerait guère de tirer les hommes du sous-marin s’ils devaient mourir aussitôt sortis.

Tout cela reste donc fort théorique. Notre marine s’attaque à son tour à la question et cherche à réaliser ce que cette idée du petit scaphandre permet d’espérer, mais on aurait tort de croire le problème résolu et d’imposer à nos submersibles, au risque de dangers trop certains, l’emploi d’un modèle encore imparfait. Si les Anglais eux-mêmes l’embarquent, c’est vraisemblablement beaucoup pour rassurer l’opinion publique