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une ouverture ; ou encore aucun des passages n’est libre d’eau. Dans tous ces cas, il doit y avoir des dispositifs à prévoir pour permettre à l’équipage captif de jouer sa dernière chance, des mouvemens à régler d’avance, peut-être des expériences à faire, et des exercices à prescrire. Posons les questions : la réponse appartient aux services compétens.


V

Admettons qu’on ait jugé le devoir militaire incompatible avec cet abandon prématuré du bateau, ou que la gravité des avaries n’ait pas permis de disposer de ce répit indispensable à la fuite. Le sous-marin, entraîné par une force croissante, descend, avec son équipage. Désormais rien n’arrêtera la chute : elle se poursuivra jusqu’au fond. Si ce fond est à profondeur modérée, les hommes enfermés dans la coque y survivront quelque temps. (On s’efforce d’aménager, à chaque extrémité, des compartimens de refuge avec des vivres pour quinze jours.) Bien qu’il y ait désormais peu d’espoir, il faut tenter encore de les sauver.

Souvent, aucun secours extérieur ne pourra survenir, du moins à bref délai. L’accident se sera passé sans témoins, ou, si c’est un abordage, il faudra longtemps pour que l’abordeur aille chercher des scaphandres dans un port, pour que les scaphandriers retrouvent la coque naufragée. Le personnel du sous-marin ne saurait-il s’évader par ses seuls moyens ? À cette fin, plus d’un système a été proposé. Les uns voudraient qu’une partie du sous-marin, une extrémité, formant sas étanche, pût se détacher et remonter à la surface en ramenant les naufragés. Mais, sans compter la difficulté de faire le sas assez grand pour porter tout le monde, on tomberait dans des complications aussi gênantes que dangereuses. En Amérique, on a essayé plus simple : on s’est proposé d’utiliser le tube lance-torpille pour chasser au dehors non plus une torpille, mais un homme. Un lieutenant de la marine nationale en a fait avec succès l’expérience à petites profondeurs : Ce tube se ferme par les deux bouts, l’homme est poussé au dehors par l’air corn primé et, s’il résiste à l’asphyxie, arrive vivant à la surface. Par d’assez grands fonds, et pour l’appliquer successivement à plusieurs hommes, le système ne paraît guère pratique.