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sauvetage autant que les points de stationnement des flottilles

Il parut moins coûteux et plus immédiatement utile de munir les nouveaux sous-marins de boucles disposées sur leur coque de façon à y mailler des chaînes. De la sorte, on ne perdrait plus, comme on l’avait fait à Bizerte, des jours précieux à creuser sous la coque enlizée des chemins, pour y glisser des aussières destinées à ceinturer le sous-marin. Ces boucles, qui devaient être fixées aussi sur les unités existantes ne le sont pas encore partout. Le Pluviôse les avait reçues, et c’est ce qui a permis de le ramener au port.

Il possédait aussi un dispositif que son équipage n’a pas eu le temps de faire fonctionner : la bouée « téléphonique, » que le simple mouvement d’une manette dégage et qui vient flotter sur l’eau en déroulant un câble. La présence de la bouée indique le lieu du naufrage. Le câble permet de communiquer par téléphone avec les naufragés. Une récente dépêche ministérielle prescrit d’installer désormais ces bouées de façon à pouvoir les lâcher, même quand le bâtiment est incliné, et jusqu’à 45° d’inclinaison. On songerait enfin à en mettre trois au lieu d’une.

Quant au bateau spécial de sauvetage, si la marine française n’en possède pas, la marine allemande en a fait un. Il s’appelle le Vulkan. Il était mis en chantier avant que les sous-marins allemands eussent commencé leur navigation, et fut lancé à Kiel en septembre 1907, alors que le premier d’entre eux était seul livré à la marine. Cette année, l’Angleterre suit l’exemple allemand et construit à Chatham, sur les plans de sir Phillip Watts, une unité spéciale, de 800 tonnes de déplacement, qui sera vraisemblablement suivie d’une autre plus grande. Mais aucun de ces bâtimens n’a encore fait ses preuves.

On ne s’en était pas tenu chez nous au peu que nous avons dit. Mais on avait cru devoir se rendre compte, par des expériences, de l’efficacité des moyens à mettre en œuvre. C’est à cette lin qu’on a utilisé dans les premiers mois de l’année en cours le submersible Narval, déjà déclassé. Dans le port de Cherbourg et en rade, on l’a fait couler sur le fond. Un premier essai vérifia la résistance des boucles. Dans un second, on s’en servit pour lever et ramener au bassin le submersible[1]. On

  1. On essaya aussi le relevage par l’air comprimé, mais avec un succès rendu douteux par l’inévitable déséquilibre de l’épave ainsi arrachée du Tond.