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proglème posé par la navigation sous-marine, mais en France, on a voulu et su le résoudre sans eux, afin d’éviter les dangers d’inflammation.

La perte du Farfadet conduisit à améliorer la fermeture des capots et à faciliter l’évacuation de l’air. Après celle du Lutin, on renforça l’enveloppe des ballasts intérieurs. Mais le grand changement qui devait épargner la plupart des accidens dus au mode de construction, et parer même aux conséquences de certains abordages, consiste à ne plus faire que des submersibles. On sait quelle est la différence entre le sous-marin proprement dit, type primitif reproduit par Gustave Zédé et ses successeurs, et le submersible, fort ingénieusement imaginé en 1896 par M. l’ingénieur Laubœuf. Il faut plonger ; l’idée première fut de construire des bateaux déjà très près de couler bas, qui, en laissant rentrer un peu d’eau dans des caisses, parviendraient à s’enfoncer rapidement. Le sous-marin proprement dit n’eut donc que 4 à 7 p. 100 de flottabilité. C’est-à-dire qu’émergeant, toutes ses caisses vides, il ne pouvait porter en surcharge, sans couler aussitôt, que de 4 à 7 p. 100 de son poids total. Le submersible, en cela bien différent, reçoit de 27 à 30 p. 100 de flottabilité. Il faut donc qu’il absorbe dans ses ballasts, un poids égal pour enfoncer. L’idée heureuse de M. Laubœuf fut encore de disposer ses ballasts ou caisses à eau à l’extérieur de la coque principale, dans une enveloppe formant seconde coque extérieure. La plongée s’effectue en remplissant l’intervalle entre les deux. Ainsi une avarie à la surface externe, une rentrée d’eau intempestive, n’ont d’autre effet que de mettre le bateau en position de plongée. Un abordage léger de même, et si le ballast est déjà plein, rien n’en sera momentanément changé dans l’équilibre du submersible.

A la suite de la double catastrophe de Bizerte, d’autres conclusions s’imposaient : il fallait songer à faciliter les opérations de relevage, à les hâter pour ne plus s’exposer aux atroces péripéties du Farfadet. L’opinion demandait d’abord des bâtimens spéciaux de sauvetage. Mais, sous cette forme, le vœu public était difficile à satisfaire. Le Lutin et le Farfadet avaient coulé sur des points favorables. Dans les cas à prévoir, le plus souvent un matériel spécial ne se trouverait pas à proximité, ou bien ne réussirait pas, par suite du mauvais temps, à rendre les services qu’on en attend. Il faudrait d’ailleurs multiplier les bateaux de